Burkina Faso
16.02.24
Rapports

Union africaine : Utiliser l’éducation dans la lutte contre la torture en 2024

BRIEFING PAPER

16 février 2024

L’Union africaine (UA) tiendra son 37ème Sommet du 17 au 18 février 2024, sur le thème : « Éduquer un Africain adapté au 21e siècle : construire des systèmes éducatifs résilients pour un accès accru à un apprentissage inclusif, tout au long de la vie, de qualité et pertinent en Afrique ». Les chefs d’État et de gouvernement qui se réuniront pour définir les priorités du continent pour 2024 devront garder à l’esprit que l’éducation est un droit fondamental, prioritaire et transversal, et entretient un lien étroit avec l’interdiction absolue de la torture et des mauvais traitements.

Les dirigeants africains devraient accentuer les efforts pour prévenir et éradiquer la torture et les mauvais traitements dans le système éducatif sur l’ensemble du continent, et en promouvant l’éducation aux droits humains, comme instrument de prévention de la torture.

Les personnes en détention dans plusieurs pays du continent ont besoin d’un personnel pénitentiaire bien formé aux droits humains. Les prisons africaines, et de manière générale les lieux de privation de liberté, doivent bénéficier de cette approche inclusive de l’éducation et de l’apprentissage.

L’Union africaine devrait accorder une priorité particulière aux contextes politiques où l’État de droit a été sérieusement remis en cause par des coups d’État et des prises anticonstitutionnelles du pouvoir politique. Alors que depuis deux ans de graves crises politiques et constitutionnelles secouent l’ensemble des pays du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad, Sénégal), le risque de propagation de ce phénomène est de plus en plus grandissant (Guinée, Gabon, Soudan). Dans ce contexte, le recours excessif à la force lors des manifestations pacifiques révèle la nécessité d’améliorer le cursus d’apprentissage et de formation des forces de sécurité. Ceux-ci doivent davantage intégrer des modules de formation aux droits humains et spécifiquement de prohibition de la torture. La fin de l’impunité est un véritable gage de justice pour les victimes de ces violences institutionnelles.

A côté de ces crises, d’autres conflits armés et menaces à la paix constituent des centres d’intérêt depuis plusieurs années puisqu’elles engendrent des meurtres, des exécutions extrajudiciaires, des arrestations et détentions arbitraires et d’autres formes de persécution physique et mentale contre des communautés entières. Les conflits au Soudan, en République démocratique du Congo, en République Centrafricaine, en Éthiopie ou encore au Cameroun, en plus de provoquer le déplacement forcé de millions de personnes, causent des crises humanitaires sans précédent. La prolongation de toutes ces crises cause une lassitude auprès de nombreuses populations et encouragent dans une certaine mesure la migration de milliers de jeunes vers le Maghreb et l’Europe. Ces migrants sont exposés à la torture et à d’autres mauvais traitements comme les violences sexuelles, la traite des personnes et le trafic, en Libye, en Tunisie, au Niger et dans le reste du désert.

Enfin, la situation des défenseurs des droits humains doit enfin devenir une priorité pour les dirigeants africains. En réalité, l’espace civique a été fortement réduit et parfois fermé sur l’ensemble du continent au regard des crises multiples susmentionnées. La place de la société civile doit être restaurée pour contribuer efficacement à l’éducation, la prévention et la protection des droits humains.

  • L'Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) publie une note de plaidoyer à l'attention des chefs d'Etat et de gouvernement. Cliquez ici pour lire son contenu.