Un rapport révèle le rôle des acteurs économiques et étatiques dans l’augmentation des menaces envers les défenseurs du droit à la terre et à l’environnement

Paris-Genève-Bogotá,le 5 octobre, 2017 - L'Observatoire pour la protection des défenseurs desdroits de l’Homme (FIDH-OMCT) et le Colectivo de Abogados José Alvear Restrepo(CAJAR) publient aujourd'hui un rapport qui alerte le public sur un phénomèneencore peu analysé : le rôle joué par les acteurs économiques dansl’accroissement de la vulnérabilité des personnes et groupes qui défendent ledroit à la terre et à l’environnement,et en particulier la captation de l'État par les acteurs économiques, quimenace la sécurité, la tranquilité et la vie de ces défenseurs.
Dans uncontexte de post-conflit où de nombreuses organisations ont alerté surl’augmentation des attaques contre les personnes et des groupes de défenseurs dudroit à la terre et à l’environnement qui opèrent dans le secteur extractif, lerapport “Défendre la terre et l'environnement dans le cadredes activités des entreprises extractives” décrit, autravers de trois cas emblématiques, la relation entre Etat, entreprises et lesattaques dont souffrent les défenseurs du droit à la terre et à l'environnement.
L'accumulation des procédures judiciaires, lastigmatisation et les menaces contre les avocates de la Corporación de AbogadosColectivo « Luis Carlos Pérez » (CCALCP), et leur rapport chronologique etcirconstantiel avec des étapes clés du travail de dénonciation de l'impactnégatif des activités des entreprises sur les droits du peuple autochtone Baríet des différentes communautés rurales de la région de Catatumbo, interrogentsur le rôle des entreprises dans ces attaques. Pour réduire les pressionsauxquelles les défenseurs dans ces régions sont confrontés, il apparaîtnécessaire d’étudier en particulier le rôle des acteurs économiques dans leszones où sont présents les acteurs armés, afin de comprendre comment lesintérêts et actions de ces différents acteurs s’articulent, et pouvoir ainsiprendre des mesures pour prévenir ou remédier à cette situation.
De la mêmemanière, la criminalisation abusivedu dirigeant syndical et environnemental HéctorSánchez Gómez, et du militant universitaire Miller Dussán démontre l'instrumentalisation du droit pénal par desentreprises comme Pacific E&P et EGEMSA, à travers par exemple le dépôt deplaintes disproportionnées et les pressions indues exercées, entre autres, surles magistrats et les procureurs, dans le but de ralentir ou de déstructurerles actions de ces acteurs à des moments potentiellement porteurs pour lagarantie effective des droits humains.
L'asymétrie paradoxale entre d’unepart les avancées rapides des procédures judiciaires lancées à l’encontre desdéfenseurs ; et d’autre part les retards pris dans la conduite des enquêtesdéclenchées à l’initiative des défenseurs, de leurs organisations ou descommunautés contre des entreprises et l'État suggèrent une certaine connivenceou inaction des acteurs étatiques, y compris du pouvoir judiciaire, audétriment des défenseurs.
Le rapportdénonce également la captation de l’Etat par les entreprises comme l’illustrentla persécution et les actes desurveillance visant Héctor Sánchez par l’entreprise de sécurité PacifiqueE&P et des membres des forces de l’ordre, qui appartiennent parfois auxbataillons miniers et énergétiques financés par les sociétés minières à traversdes accords de coopération entre ces entreprises et les forces de l’ordre.Cette situation fait passer les défenseurs des droits humains pour des ennemisqui doivent être réprimés. Le rapport donne également plusieurs exemples de lamobilité entre les secteurs public et privé des postes de direction (phénomène des chaises musicales), etl’identifie comme un facteur de vulnérabilité des défenseurs.
Face à cesconstatations, l’Observatoire et le CAJAR apportent un regard constructif surcette problématique, appelant l'État à identifier les facteurs de vulnérabilitéauxquels sont confrontés celles et ceux qui défendent le droit à la terre et à l'environnement,notamment en déterminant le rôle joué par les acteurs économiques, dans lecadre de conflits socio-environnementaux. La multiplicité des causes de laviolence que connaissent les régions ne devrait pas être un argument pourdiluer la responsabilité des acteurs étatiques et des entreprises face à lasituation des défenseurs. Ces recommandations ont pour objectif de mieux luttercontre l’escalade des attaques, dans le but de construire un systèmedémocratique qui reconnaît le travail légitime des défenseurs des droitshumains.
Ce rapportlance un appel urgent aux différents acteurs afin qu’ils agissent pour protégercelles et ceux qui défendent le droit à la terre et à l'environnement. Nosorganisations appellent le gouvernement Colombien à renforcer les mécanismes deprotection, qui devraient agir plus efficacement pour prévenir les diversesattaques subies par les défenseurs, et éviter qu’elles ne se traduisent en assassinats.Le rapport invite également les acteurs économiques à reconnaître et à ne pasentraver le travail légitime et essentiel qu'ils font pour assurer le respectdes droits humains liés à l'environnement et à la terre en Colombie.
Ce rapportest disponible:
- en espagnol: OBS_Colombia_Report_Defender
- en anglais: OBS_Colombia_Report_2017 DEFENDING
Pour plus d’informations, veuillez contacter:
· FIDH: SamuelHanryon: +33 6 72 28 42 94/ José Carlos Thissen: + 51 95 41 31 650
· OMCT: MiguelMartín Zumalacárregui: + 41 22 809 49 39
· CAJAR:Angelica Chapano : +57 321 381 97 33
L’Observatoire pour laprotection des défenseurs des droits de l’Homme (l’Observatoire) est unprogramme créé en 1997 par l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) etla FIDH. Son objectif est d’intervenir pour prévenir ou remédier à dessituations concrètes de répression contre les défenseurs et défenseures desdroits humains. LaFIDH et l’OMCT sont tous deux membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l'Union européenne pour lesdéfenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civileinternationale