Mali
02.12.24
Déclarations

Mali : Persistance de l’esclavage par ascendance, malgré des efforts législatifs

Déclaration conjointe

Bamako, Genève – 2 décembre 2024

À l'occasion de la Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage, – L’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) et le Mouvement pour la Sauvegarde des Droits Humains (MSDH) expriment leur profonde préoccupation face à la persistance de pratiques d’esclavage par ascendance au Mali, une violation flagrante des droits humains fondamentaux. Ces pratiques, profondément ancrées dans certaines traditions locales, continuent de priver des milliers de personnes de leur dignité, de leur liberté et de leur sécurité.

Au Mali, malgré des avancées législatives, les victimes de l’esclavage par ascendance continuent de faire face à d'importants défis. L’accès à la justice reste limité, les poursuites étant rares et les auteurs souvent protégés par l’impunité. La stigmatisation sociale et les pressions communautaires dissuadent de nombreuses victimes de dénoncer leurs oppresseurs. De plus, l’absence de mécanismes de soutien et de réparation prive ces personnes d’un accompagnement essentiel pour se reconstruire.

Le Mali a récemment renforcé son cadre juridique en criminalisant explicitement l’esclavage dans son Code pénal, marquant une étape importante dans la reconnaissance et la lutte contre cette pratique. Malgré cela, des milliers de personnes subissent encore des formes modernes d’esclavage, comme l’esclavage par ascendance, qui réduit des individus à un statut de propriété en raison de leur origine sociale, et l’exploitation économique et sociale, qui les prive de leurs droits fondamentaux.

Des rapports récents témoignent d’actes de violence, d’exclusion sociale et de discrimination systématique infligés à des individus considérés comme "esclaves" en raison de leur statut hérité. Ces abus incluent des formes de servitude, des privations de droits fonciers et des agressions physiques.

Dans certaines régions du Mali, l’esclavage est profondément ancré dans les coutumes de certaines communautés notamment dans les régions administratives de Kayes, Tombouctou, Gao ou de Kidal dans lesquelles le phénomène de l’esclavage persiste.

Pour endiguer ce phénomène, le MSDH et l’OMCT appellent :

  1. À une mise en œuvre stricte des lois : Les autorités doivent traduire les auteurs devant la justice, tout en garantissant la protection des victimes.
  2. À une sensibilisation accrue des populations : Une éducation ciblée est essentielle pour déconstruire les préjugés et éradiquer les pratiques discriminatoires.
  3. À une coopération renforcée : Les efforts nationaux doivent s’accompagner de partenariats avec la société civile, les organisations internationales et les institutions locales pour maximiser l’impact des actions.
  4. Créer un fonds national de réparation : Allouer des ressources spécifiques pour financer des programmes de réinsertion économique et sociale pour les victimes.

En cette journée symbolique, nous réaffirmons notre volonté d’accompagner le Mali dans ses efforts pour construire une société inclusive, libre de toute forme d’exploitation.

Contacts presse :

Pour le MSDH : Mr Koné David : Chargé de communication, + 223 90 09 41 54, msdh761@gmail.com

Pour l’OMCT : Francesca Pezzola, Directrice de la Communication, +41 22 809 4939, fpe@omct.org