Jorge et Marcelino, condamnés à 35 ans de prison pour un meurtre qu'ils n'ont pas commis
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Jorge Coc Coc et Marcelino Xol Cucul sont des leaders de la communauté indigène des Q’eqchi Maya et des membres d’une organisation basée dans la région des Verapaces, qui s’appelle le Comité Paysan des Hautes terres (CCDA). Le CCDA se bat pour réduire les inégalités et faire augmenter la participation des communautés indigènes et rurales marginalisées dans la vie politique, économique, sociale et culturelle, et lutte contre l’expropriation des terres par les propriétaires terriens puissants. Depuis plus de dix ans, leur communauté de Choctun Basilá, près de la capitale régionale de Cobán, est au coeur d’un litige foncier avec l’entreprise Cooperativa Chilté. Un litige qui a déjà eu de lourdes conséquences : une campagne de criminalisation et d’attaques contre le CCDA qui a conduit au meurtre de six de ces membres et la détention arbitraire de Jorge et Marcelino.
Au Guatemala, le système de justice pénale est constamment détourné contre les défenseur·e·s des droits humains qui se battent pour la justice et contre l’impunité, et protègent pacifiquement leur communauté des intérêts des plus puissants, y compris ceux des grandes sociétés et propriétaires terriens. Ceux qui travaillent sur le domaine de la terre et des droits des communautés indigènes sont particulièrement visés. En plus des poursuites judiciaires sans fondement, les passages à tabac et mêmes les meurtres sont fréquents, avec presque aucun coupable appréhendé. Dans ce contexte, ils étaient des cibles mouvantes.
Arrestation sur base de fausses accusations
Loin d’être une simple erreur de justice, l’histoire de Jorge et Marcelino est emblématique de la bataille pour la terre, l’eau et autres ressources naturelles qui se joue au Guatemala, l’un des pays les plus inégalitaire au monde. D’un côté, il y a une petite élite qui contrôle l’Etat, présidant un système économique prédateur où les ressources se trouvent dans les mains de quelques privilégiés, soutenue par un système judiciaire qui manque souvent d’indépendance. De l’autre, il y a des communautés indigènes défendant leurs terres ancestrales contre les expulsions forcées, l’exploitation forestière et minière, qui mènent leurs actions dans un environnement extrêmement hostile et dangereux.
Le 13 juillet 2017, un travailleur de Cooperativa Chilté, au nord des Terres hautes du Guatemala, a été tué, alors que beaucoup d’autres ont été blessés. A ce moment, Jorge était chez lui, en train de prendre soin de son père malade. Marcelino était en train de donner un cours dans une communauté à plusieurs heures de route de l’incident. Néanmoins les deux hommes furent arrêtés, Jorge le 16 janvier et Marcelino le 12 mars 2018, sur la base d’accusation d’« homicide » et de « tentative d’homicide ». Depuis leur arrestation, ils étaient détenus à la prison de détention provisoire de Cobán Alta Verapaz et ce jusqu’en 2021. Malgré les importantes incohérences dans les témoignages et l’acquittement des deux autres personnes arrêtées pour le même crime, ils furent condamnés à 35 ans de prison ferme en octobre 2019.
La course aux appels
Le 20 juillet 2022, leurs avocats ont déposé une demande pour appel extraordinaire devant la Cour Suprême. Elle rendit son verdict en novembre de la même année et déclara que malgré quelques contradictions présentes dans l’affaire, des arguments valables avaient été avancés par l’accusation et que les deux défenseurs devaient rester en prison. Après le refus de leur dernier appel à la Cour constitutionnelle en 2023, les deux hommes avaient épuisé l’ensemble de leurs recours en appel possible, risquant de passer leur vie en prison pour un crime qu’il n’avait pas commis.
Aujourd'hui, l'affaire est en attente d'une audience devant la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH). Lors de plusieurs visites d’organisations de la société civile, leurs membres ont été témoins des terribles conditions du système carcéral dans lequel les deux hommes vivent. Jorge et Marcelino ont été transférés à la prison de Puerto Barrios, Izabal. Cela signifie qu’ils se trouvent maintenant à 290km de leurs familles, soit l’équivalent de près de sept heures de voyage.
Joignez-vous à nous pour demander la libération de Jorge Coc Coc and Marcelino Xol Cucul.