Égypte
10.10.22
Communiqués de presse

« La détention comme outil de censure » : Une nouvelle campagne met en lumière des défenseur.e.s des droits humains emprisonné.e.s

©Shutterstock

Communiqué de presse

Genève, le 10 octobre 2022

Des dizaines de pays à travers le monde emprisonnent de plus en plus les défenseur.e.s des droits humains sur la base d’accusations inventées de toutes pièces, comme au Bélarus, où le militant Ales Bialiatski vient de gagner le prix Nobel de la paix depuis la prison. Cette pratique s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre d’une politique plus large visant à étouffer toute voix dissidente. Aujourd’hui, l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) lance une campagne pour attirer l’attention sur cette tendance préoccupante en mettant en lumière cinq militant.e.s emblématiques détenu.e.s au Vietnam, en Crimée occupée par la Russie, en Égypte, au Maroc/Sahara occidental et en Arabie saoudite.

« Ces femmes et ces hommes jouent un rôle essentiel dans leurs sociétés en œuvrant pour la justice sociale, l'inclusion et un environnement sain », affirme Delphine Reculeau, directrice du programme Défenseur.e.s des droits humains à l'OMCT. « Mais parce qu'ils osent critiquer les autorités, leurs gouvernements les attaquent avec une intensité et une brutalité croissantes. L’arme de prédilection de ces gouvernements ? La fabrication de chefs d’accusation sur la base desquels les défenseur.e.s sont détenu.e.s pendant de longues périodes dans des conditions souvent inhumaines ».

Pour faire taire les militant.e.s, les États, et parfois de puissants groupes d’intérêt économiques, ont recours à un vaste éventail de mesures, allant des obstacles administratifs et financiers à des assassinats purs et simples. Au cours de la dernière décennie, la détention est devenue l’outil privilégié des gouvernements pour censurer celles et ceux qui dénoncent les abus. Entre 2020 et 2022, l'OMCT a documenté les cas de 802 défenseur.e.s des droits humains détenu.e.s arbitrairement dans 67 pays différents. Ces chiffres ne sont probablement que la partie émergée de l'iceberg.

Les mauvais traitements, voire la torture, sont fréquemment utilisés contre ces militant.e.s pour obtenir des aveux pour des crimes qu'ils n'ont pas commis, mais aussi après leur condamnation. La pandémie de Covid-19 n’a fait qu’aggraver la situation : les procès se déroulent à huis clos, les autorités punissent les défenseur.e.s des droits humains en leur interdisant l’accès aux soins médicaux et les détenu.e.s. sont exclu.e.s des programmes de libération anticipée dont bénéficient les autres prisonniers. De nombreux rapports font état de défenseur.e.s qui ont contracté le Covid-19 derrière les barreaux, et du décès de certains d’entre eux, parmi lesquels d’éminentes personnalités comme Azimjan Askarov au Kirghizistan et Stan Swamy en Inde.

Aujourd’hui, l'OMCT lance une campagne avec le hashtag « FacesOfHope » pour symboliser la lutte courageuse de ces militant.e.s pour la dignité et la justice dans leurs communautés. Les cinq personnes que nous mettons en lumière sont : un défenseur des droits fonciers vietnamien emprisonné avec sa mère et son frère pour avoir défendu des petits agriculteurs contre l'accaparement de leurs terres ; un Tatar de Crimée qui défend les droits de sa communauté et que les autorités d'occupation russes viennent de condamner à 17 ans de prison ; un avocat égyptien amoureux des chats jeté en prison pour avoir défendu des militants pacifiques ; une militante saoudienne menacée de décapitation ; et un jeune journaliste du Sahara occidental détenu au Maroc depuis 12 ans dans d’effroyables conditions.

« L’emprisonnement des défenseur.e.s n’a pas seulement pour effet de mettre un terme au travail essentiel qu’ils accomplissent pour la démocratie et le développement durable, mais cette pratique crée aussi une vague de terreur dans toute la société et paralyse ainsi toute initiative visant à défendre les plus faibles », déclare Gerald Staberock, Secrétaire général de l'OMCT. « La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour mettre fin à cette tendance dangereuse et faire pression pour obtenir la libération de tou.te.s les militant.e.s des droits humains injustement emprisonné.e.s. ».

Les profils seront publiés chaque jour entre le 10 et le 14 octobre, commençant aujourd’hui avec Trinh Ba Phuong au Vietnam.

L'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) est la plus grande coalition internationale d’ONG qui œuvre pour lutter contre la torture et protéger les défenseur.e.s des droits humains à travers le monde. Elle compte plus de 200 membres dans plus de 90 pays. Son Secrétariat international est basé à Genève, en Suisse.

Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Iolanda Jaquemet, Directrice de la Communication
ij@omct.org

+41 79 539 41 06