À l'horizon 2025 : Le Secrétaire Général de l'OMCT sur l'avenir des droits de l'homme
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Alors que le monde est confronté à des menaces croissantes pour les droits de l'homme, le besoin d'unité, de résilience et d'action n'a jamais été aussi urgent.
Dans cette interview, nous avons demandé au Secrétaire général de l'OMCT, Gerald Staberock, de nous faire part de sa vision pour 2025 et de nos principales priorités dans la lutte contre la torture. Du lancement de l'Index mondial de la torture à la plateforme SOS Défenseurs, il met en lumière les initiatives qui façonneront le mouvement et renforceront les efforts mondiaux en matière de droits de l'homme, y compris la Semaine mondiale contre la torture, un événement à ne pas manquer.
Son message pour 2025 est clair : « la résilience et l'unité, pas le désespoir ».
Quelle est votre vision pour 2025 et sur quelles priorités devrions-nous nous concentrer pour maximiser notre impact sur les droits de l'homme ?
Selon moi, 2025 est l'année où nous relèverons le défi, où nous nous affirmerons au sein du mouvement anti-torture pour défendre l'interdiction absolue de la torture. Aujourd'hui, dans un monde de plus en plus dangereux où les États se détournent des droits de l'homme, favorisant les divisions et affaiblissant les protections, et où certains remettent purement et simplement en question les normes universelles, le message doit être celui de la résilience et de l'unité, et non du désespoir. Il est essentiel de protéger toutes les victimes de la torture et de défendre l'universalité des droits de l'homme, qui est menacée.
Je suis convaincu que notre réseau SOS Torture
doit servir de point d'ancrage aux droits de l'homme et à l'universalité. En tant que mouvement, nous sommes unis pour protéger les personnes en danger, pour soutenir nos collègues défenseurs des droits de l'homme menacés et pour veiller à ce que l'interdiction absolue de la torture reste un objectif inaltéré.
Quel impact attendez-vous du lancement de l’indice mondial de la torture ?
L'indice mondial de la torture est le nouveau programme phare de l'OMCT, dont le lancement est prévu en juin 2025. Je pense que c'est l'outil qui nous manque depuis des années et dont tous les acteurs qui travaillent contre la torture peuvent bénéficier. Il associe des données fiables à des récits souvent négligés pour rendre visible la réalité cachée de la torture. Cet indice nous permettra de mesurer son ampleur, son impact sur la société et de plaider en faveur de réformes politiques et juridiques. Il permettra d'identifier les risques et d'élaborer des stratégies efficaces de lutte contre la torture. Cet indice n'est pas seulement un outil de l'OMCT, mais une ressource collective pour soutenir les efforts des membres du réseau en vue de réformes concrètes et de la prévention de la torture.
Pourquoi la Semaine mondiale contre la torture est-elle importante et que peut-on en attendre ?
Il y a quatre ans, nous avons organisé la toute première Semaine mondiale contre la torture, et nous avons vu le pouvoir et l'énergie qu'une telle semaine peut créer. Beaucoup d'entre nous, en particulier ceux de nos membres qui travaillent dans des situations très compliquées, se sentent souvent seuls. Cet événement une occasion unique de partager des expériences et des bonnes pratiques, d'apprendre les uns des autres et de faire preuve de solidarité entre les pays et les régions. La Semaine mondiale nous fait sentir et comprendre que nous sommes unis dans la lutte et que la véritable force de l'OMCT réside dans son réseau SOS Torture.
Comment la plateforme SOS Défenseurs et la base de données SOS aideront-elles à servir les défenseurs des droits de l'homme ?
L'une des réalisations les plus importantes de 2024 a été le lancement de la plateforme SOS Défenseurs. La plateforme donne un visage à plus de 400 défenseurs des droits de l'homme qui sont actuellement emprisonnés parce qu'ils ont défendu les droits de l'homme. Nous ne les oublions pas. Nous voulons montrer aux gouvernements que la détention de ces défenseurs est une attaque contre la démocratie et la liberté, et nous devons faire comprendre aux États qui soutiennent les droits de l'homme que c'est le moment d'intensifier leurs actions. L'OMCT et son réseau SOS Torture doivent tirer la sonnette d'alarme et agir pour protéger les détenus contre la torture et les mauvais traitements.
Quels défis prévoyez-vous dans le paysage mondial des droits de l'homme en 2025, et comment l'OMCT tentera-t-elle d’y répondre ?
L'universalité des droits de l'homme est menacée par plusieurs défis majeurs en 2025. Tout d'abord, il y a la montée du populisme, qui divise les sociétés et rejette tout le système de protection mis en place au cours des 70 dernières années. Nous assistons également à des attaques directes contre les institutions censées défendre ces droits, telles que les Nations unies et les tribunaux internationaux. Et nous disons que si l’on s’attaque au financement des droits de l'homme, ce n'est pas une simple coïncidence, mais qu’il s’agit en réalité d'une attaque contre les droits universels et que c’est un mouvement universel. Ensuite, la question de l'immigration, qui crée de sérieux risques de torture, de refoulement et d'expulsion lorsque les personnes renvoyées sont exposées à un risque réel de torture. Pour moi, la réponse consiste à intensifier notre travail et notre consortium mondial contre la torture « United Against Torture » joue un rôle essentiel en ce sens, pour travailler ensemble en rassemblant le meilleur de la lutte contre la torture au niveau mondial, et pour servir de point d'ancrage à notre réseau.
A l'horizon 2025, quel message aimeriez-vous faire passer aux défenseurs des droits de l'homme et à ceux qui les soutiennent sur le rôle de l'OMCT ?
À nos collègues défenseurs des droits de l'homme, je dis : « Continuez, ne désespérez pas ».
Je veux que nous puissions tous constater que nous progressons. Le monde n'est pas seulement sombre, nous générons aussi des réformes, de meilleures lois, nous utilisons le système juridique pour remporter des victoires historiques. Qui d'entre nous aurait pensé, il y a un an, que nous discuterions aujourd'hui des réformes anti-torture au Bangladesh ? Je tiens également à m'adresser à nos sympathisants. Je tiens à les remercier du fond du cœur pour leur soutien, et nous faisons tout pour que vous investissiez dans un monde meilleur, plus juste et plus sûr.
Je suis convaincu qu'en ce moment, nous devons favoriser les alliances afin de renforcer les amitiés et de mieux protéger la démocratie.
Pour l'OMCT, cela se résume en une phrase : « Rester unis contre la torture ».