Chine
09.02.16
Interventions urgentes

WHRDIC condemns closure of women’s legal aid center in China

La Coalition Internationale de Femmes Défenseures de Droits Humains, dont OMCT est membre, est un réseau de resources et plaidoyer qui supporte les femmes défenseures des droits humains dans tout le monde.

La WHRDIC condamne la fermeture d’un centre d’aidejuridique aux femmes en Chine

Le 29 janvier, legouvernement chinois a décidé la fermeture d’un centre d’aide juridique auxfemmes renommé de Beijing. Cette action vient saper les efforts déployés par cemême gouvernement pour faire progresser les droits des femmes et l’égalité degenre. Pire encore, elle s’inscrit en totale contradiction avec les priorités établiespar le gouvernement et avec les obligations internationales du pays. LaCoalition internationale des femmes défenseures des droits humains (WHRDIC)condamne ces tentatives visant à restreindre l’espace de participation de lasociété civile et demande instamment que soient respecté-e-s les personnes quiaccomplissent ce travail essentiel qu’est la défense des droits humains et qu’ellespuissent être défendues lorsqu’elles subissent des représailles.

Le Beijing ZhongzeWomen’s Legal Counseling and Service Centre (ci-après le Centre) était uneorganisation de la société civile largement saluée, en Chine comme àl’étranger, pour son importante contribution à promouvoir et à faire progresserles droits des femmes. L’équipe et les chercheurs-euses associé-e-s ontaccompli un travail considérable pour améliorer l’accès à la justice pour lesfemmes vivant en milieu rural, pour lutter contre la violence domestique et leharcèlement au travail et pour offrir des possibilités de recours aux femmesqui en sont victimes.

En 2007, l’organede presse du ministère chinois de la Justice a fait figurer Madame Guo Jianmei,Directrice du Centre, parmi les « dix juristes les plus remarquables del’année ». En 2011, le journal populaire Nanfang Daily a estimé que leCentre était « l’une des meilleures organisations de service public »de Chine. En 2014, Le Centre a collaboré avec la Chinese Women’s University etd’autres organisations reconnues pour soumettre divers rapports en amont de l’évaluationpériodique de la Chine par le Comité pour l'élimination de la discrimination àl'égard des femmes (CEDAW).

La WHRDIC s’inquiètedes menaces croissantes qui pèsent sur les défenseuses des droits humains et,de manière générale, sur toute la société civile chinoise. La fermeture forcéedu Centre intervient à un moment où ceux et celles qui en appellent à plus derespect pour les droits humains en Chine sont confronté-e-s à des difficultésinédites, qu’ils et elles soient avocat-e-s, bloggeurs-euses, employé-e-sd’ONG, membre pratiquant d’une religion, ou même simples citoyen-ne-s.

Héritage direct dela Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes qui s’était tenue en1995, le Centre avait ré-ouvert ses portes après une première fermeture alorsqu’il était actif au sein de l’Université de Pékin. En prenant cet héritagepour cible, le gouvernement agit en totale contradiction avec la célébration duvingtième anniversaire de cette conférence en septembre 2015. Lors de cesfestivités co-organisées par l’ONU Femmes –, le président Xi Jinping avaitpourtant prononcé un discours inaugural dans lequel il encourageait la communautéinternationale à faire « davantage d’efforts pour promouvoir l’égalité degenre » et promettait que la Chine allait « conférer à l’égalité degenre le statut de politique publique fondamentale ».

En fermant leCentre Zhongze, le gouvernement chinois manque à sa promesse de promouvoir lacondition des femmes, à son engagement à mettre en œuvre le Programme d’actionde Beijing et même à l’obligation minimale qui lui est faite de mettre en œuvreles recommandations des expert-e-s de l’ONU relatives aux droits des femmes. Enoutre, cette initiative entre en contradiction avec les lois et politiques quele gouvernement chinois a lui-même édictées, ainsi qu’avec ses obligationsinternationales en matière de droits humains.

Nous souhaitonségalement évoquer ici une autre problématique, à savoir celle du contextepolitique dans lequel s’inscrit cet événement. La récente loi sur la sécuriténationale et les projets de loi qui régissent les organismes caritatifs et lesONG étrangères (actuellement en cours de révision) ont profondément affecté lemode de fonctionnement de la société civile à cause des restrictions qu’ilsimposent, de l’imprécision des définitions qu’ils contiennent et des questions queleur mise en œuvre soulèvent. Ces initiatives sont jugées préoccupantes par lemouvement en faveur des droits humains (et par d’autres secteurs), elles reflètent lestentatives du gouvernement chinois de restreindre les activités des acteurs dela société civile.


La WHRDIC réitère sonappel au gouvernement chinois pour qu’il cesse de harceler les défenseur-e-sdes droits humains et qu’il facilite la création d’un environnement favorable auxdéfenseuses des droits humains et à toute la société civile. La WHRDIC demandeinstamment au gouvernement chinois de respecter pleinement le droit desindividus et des organisations à s’engager dans les mécanismes de l’ONU, des’abstenir de toutes représailles à leur égard et d’enquêter dans les plusbrefs délais sur les représailles dont ils et elles pourraient être victimespar ailleurs. Nous, la WHRDIC, reconnaissons l’engagement des défenseuses desdroits humains chinoises dont le travail est une source d’inspiration. Nousleur exprimons notre solidarité en ces temps où le gouvernement chinois met enplace des restrictions arbitraires pour nuire au travail légitime qu’ellesaccomplissent en faveur des droits humains.