Tunisie
02.11.05
Interventions urgentes

Tunisie: Aggravation de la santé des personnalités politiques et défenseurs des droits de l'Homme en grève de la faim

Tunisie: Aggravation de la santé des personnalités politiques et défenseurs des droits de l’Homme en grève de la faim

Genève-Paris, le 2 novembre 2005. L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) expriment leur vive inquiétude devant le mépris et la surenchère des autorités tunisiennes face à la détérioration de l'état de santé des huit personnalités politiques et défenseurs des droits de l’Homme tunisiens qui poursuivent une grève de la faim illimitée depuis le 18 octobre 2005.

Le 18 octobre 2005, MM. Ahmed Néjib Chabbi, Secrétaire général du Parti démocratique progressiste (PDP), Abderraouf Ayadi, Secrétaire général du parti du Congrès pour la république (CPR), Hamma Hammami, Porte-parole du Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT), Mohamed Nouri, Président de l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP), Ayachi Hammami, Président du Comité de soutien à Me Mohamed ABBOU et Secrétaire général de la section de Tunis de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH), Samir Dilou, membre du bureau de l’AISPP et du Comité de défense de Mohammed Abbou, Mokhtar Yahyaoui, magistrat et Président du Centre pour l’indépendance de la justice (CIJ), et Lotfi Hajji, Président du Syndicat des journalistes tunisiens (SJT), ont décidé d’entamer à Tunis une grève de la faim illimitée en signe de protestation contre la détérioration de l’état des libertés en Tunisie. Ils revendiquent, entre autres, le respect du droit de réunion et d’association, la reconnaissance de tous les partis politiques, le respect des droits d’opinion, d’information, de communication et le libre accès à l’Internet, et demandent la libération de tous les prisonniers politiques (voir communiqué conjoint FIDH-OMCT, 21 octobre 2005).

Cette grève vient dénoncer une situation inégalée de répression et d’étouffement des libertés en Tunisie, se traduisant par une fuite en avant sécuritaire des autorités tunisiennes. Les partis politiques et des composantes toujours plus nombreuses de la société civile sont depuis plusieurs mois, et de manière croissante, marginalisés et asphyxiés. Cette dégradation préoccupante de l’état des libertés a récemment été illustrée par la condamnation et l’emprisonnement arbitraire de Me Mohamed Abbou, sanctionnant l’exercice de sa liberté d’expression, par les attaques répétées contre la LTDH, par l’interdiction du congrès constitutif du SJT et par le coup de force contre l’Association des magistrats tunisiens (AMT).

Le 30 octobre 2005, M. Abderaouf Ayadi, 52 ans, a présenté des douleurs thoraciques, des douleurs lombaires, une asthénie et une baisse de son état général. Il a été examiné par les médecins du comité de suivi médical qui ont décidé de le transférer dans une clinique pour faire un bilan approfondi de son état de santé. Le médecin cardiologue qui l’a examiné a décidé de l’hospitaliser pour une meilleure prise en charge. M. Ayadi pourrait être sujet à des anomalies cardiaques. Le même jour, M. Mohamed Nouri, 66 ans, a perdu connaissance entraînant une chute, en raison d’une hypoglycémie. Maîtres Mohamed Nouri et Abderraouf Ayadi, dont l'état demeure préoccupant, ont regagné la grève, respectivement le 30 au soir et le 31 octobre dans l’après-midi.

Le 1er novembre 2005, Me Mokthar Yahyaoui, 53 ans, a à son tour été brièvement hospitalisé après avoir perdu connaissance. Il a rejoint le local de la grève dans la journée.

Les autorités tunisiennes, dans une déclaration reprise par l'Agence France Presse (AFP) le 1er novembre 2005, ont qualifié les communiqués du Comité de suivi médical des grévistes de "stratagème supplémentaire destiné à manipuler l’opinion publique".

La FIDH et l’OMCT expriment leur plus vive préoccupation à l’égard de ces faits, et réaffirment leur soutien à l’ensemble des personnes et des mouvements en proie à la répression et à l’arbitraire. La FIDH et l’OMCT appellent le gouvernement tunisien à respecter ses engagements relatifs aux libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression et d’association, garanties par les instruments internationaux ratifiés par la Tunisie, ce d’autant plus que la Tunisie accueille le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), qui doit s’y tenir du 16 au 18 novembre 2005.


Contact :
FIDH : + 33 1 43 55 25 18 80
OMCT : + 41 22 809 49 39