Tunisie
08.03.05
Interventions urgentes

Tunisie: Répression musclée d'un mouvement de protestation

Paris, Genève, le 8 mars 2005.

La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) expriment leurs plus vives préoccupations suite aux violences perpétrées par les forces de l'ordre tunisiennes à l'encontre de manifestants tunisiens, le vendredi 4 mars 2005.

Le 4 mars 2005, des partis politiques d'opposition ont appelé à un rassemblement pacifique de protestation contre l'invitation lancée par le président tunisien Ben Ali au Premier ministre israélien, Ariel Sharon, à se rendre en Tunisie à l'occasion de la tenue du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) qui doit se tenir à Tunis au mois de novembre 2005. Un important dispositif de sécurité a alors été mis en place à Tunis afin d'empêcher le rassemblement des manifestants. Plusieurs d'entre eux ont été sévèrement molestés, dont Mahdi Mabrouk, Maya Jribi, Hamadi Zoghbi, Salah Hamzaoui, Hamma Hammami et sa fille Nadia Hammami ainsi que la journaliste Neziha Rejiba (connue sous le nom de Oum Zied). L'avocate Radhia Nasraoui a été grièvement blessée et de nombreuses autres personnes ont été interpellées puis relâchées.

Cette nouvelle répression fait suite à une première série de violences et d'arrestations qui se sont déroulées dans l'enceinte de l'université de Tunis où des étudiants s'étaient également rassemblés pour protester contre l'invitation faite à Ariel Sharon de participer au SMSI. Des manifestations étudiantes et lycéennes ont également eu lieu à Gafsa, à Bizerte et à Sfax, et ont été le théâtre d'affrontements violents entre les forces de police et les manifestants. A Monastir, le samedi 5 mars, le départ d'une marche pacifique a été empêché par les forces de police, plusieurs personnes ont été arrêtées et ensuite relâchées. Par ailleurs, dans plusieurs gouvernorats, la liberté de circulation était très strictement contrôlée, la police surveillant et interdisant les accès aux gares et aux sorties des villes.

La FIDH et l'OMCT sont très vivement préoccupées par ces violations répétées des droits de l'Homme, notamment de la liberté d'expression, de circulation et de manifestation pacifique et par le recours systématique à la violence par les représentants de l'ordre public en Tunisie.

La FIDH et l'OMCT demandent aux autorités tunisiennes de mettre un terme à toute forme de violence et ce en toutes circonstances, et de se conformer strictement aux instruments internationaux qui lient la Tunisie, notamment au Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par la Tunisie en 1969, qui garantit la liberté d'expression et le droit de réunion pacifique.