Tunisie
20.10.03
Interventions urgentes

Tunisie : Radhia Nasraoui en grève de la faim

COMMUNIQUE DE PRESSE


TUNISIE

Radhia Nasraoui en grève de la faim


Paris - Genève, le 20 octobre 2003

La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH)
et l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de
leur programme conjoint, l'Observatoire pour la protection des droits
de l'Homme, expriment leur vive préoccupation au regard de la
situation de Me Radhia Nasraoui, avocate au Barreau de Tunis, qui a
entamé une grève de la faim le 13 octobre 2003, afin de protester
contre les entraves systématiques qu'elle subit dans l'exercice de sa
profession d'avocate et du harcèlement constant dont elle, sa famille
et ses clients sont l'objet.

Me Radhia Nasraoui est la cible depuis de nombreuses années d'actes
de harcèlement en raison de son activité en tant qu'avocate de
prisonniers politiques et en tant que défenseur des droits de
l'Homme.

Le 13 octobre, lors d'une conférence de presse, Radhia Nasraoui a
expliqué que le harcèlement dont elle fait l'objet ainsi que ses
filles, sa sœur et ses frères a pris un caractère systématique et une
dimension de plus en plus pernicieuse. Ainsi, sa maison est
constamment surveillé par la police dans le but évident d'intimider
sa famille et les gens qui lui rendent visite, sa ligne téléphonique
est sur écoute, son courrier est intercepté et le 13 juillet 2003
Nadhia Nasroui a notamment été physiquement agressée par des membres
de la police politique. Toutes les plaintes déposées pour ces abus
aux droits fondamentaux n'ont pas été suivies d'effets.

De même, ses clients font l'objet de très fortes pressions visant à
les dissuader d'avoir recours à son conseil. Cette pression menée à
l'encontre de ses clients constitue un véritable moyen de pression
financier contre elle. L'Observatoire rappelle que ces méthodes de
représailles sont fréquemment utilisées afin d'entraver le libre
exercice de la profession d'avocats-militants des droits de l'Homme

L'Observatoire souligne que ces faits s'inscrivent dans un cadre
général de persécution et de harcèlement de toute personne osant
dénoncer les violations des droits de l'Homme en Tunisie et émettre
un avis critique à l'encontre du pouvoir. C'est le cas notamment de
Zouhayr Yahyaoui détenu arbitrairement depuis le 4 juin 2002 pour
avoir fondé et animé un site internet consacré aux libertés
fondamentales en Tunisie et très satirique envers le régime.

L'Observatoire fait part de sa solidarité à Radhia Nasraoui et
demande aux autorités tunisiennes :

- de mettre un terme à toute forme de harcèlement à l'encontre de Me
Radhia Nasraoui, de sa famille et de ses clients

- de respecter les principes internationaux relatifs aux droits
humains et notamment des dispositions de la Déclaration sur les
défenseurs des droits de l'Homme,
adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre
1998, notamment ses articles 6.b et 6.c qui stipulent que
"conformément aux instruments
internationaux relatifs aux droits de l'Homme et autres instruments
applicables, chacun a le droit, individuellement ou en association
avec d'autres, de publier, communiquer
à autrui ou diffuser librement des idées, informations et
connaissances sur tous les droits de l'Homme et toutes les libertés
fondamentales", ainsi que "d'étudier, discuter,
apprécier et évaluer le respect, tant en droit qu'en pratique, de
tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales
et, par ces moyens et autres moyens
appropriés, d'appeler l'attention du public sur la question".

- d'inviter Mme Hina Jilani, Représentante Spéciale du Secrétaire
Général des Nations Unies pour les défenseurs des droits de l'Homme
et le Rapporteur Spécial des
Nations Unis sur l'indépendance des juges à se rendre en Tunisie en
vue de rendre compte de la situation des défenseurs des droits de
l'Homme dans ce pays.

L'Observatoire va saisir le Rapporteur Spécial des Nations Unis sur
l'indépendance des juges et des avocats ainsi que Mme Hina Jilani,
Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour
les défenseurs des droits de l'Homme afin de d'enquêter sur la
situation des droits de l'Homme en Tunisie.


Contacts : FIDH : 00 33 1 43 55 25 18 / OMCT : 00 41 22 809 49 24