Tunisie
18.11.03
Interventions urgentes

Tunisie: Libération de Zouhair Yahyaoui.

La Libération de Zouhair Yahyaoui ne doit pas masquer la persistance
de nombreuses violations des droits de l'Homme en Tunisie.


Paris-Genève, le 18 novembre 2003

La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH)
et l'Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT) dans le cadre de
leur programme conjoint l'Observatoire pour la protection des
défenseurs des droits de l'Homme se félicitent de la libération de
Zouhayr Yahyaoui intervenue ce jour.

Zouhair Yahyaoui, ancien animateur du site internet TUNeZINE, qui
diffuse des informations sur les libertés publiques en Tunisie, avait
été arrêté le 4 juin 2002 et condamné le 20 juin 2002 en première
instance, puis en appel le 10 juillet à deux ans de prison pour
"propagation de fausses nouvelles" à la suite d'un procès que
l'Observatoire avait observé et considéré comme inéquitable.
L'Observatoire avait saisi le Groupe de travail des Nations unies sur
la détention arbitraire de son cas le 27 août 2002, et n'a eu de
cesse de demander sa libération immédiate et inconditionnelle,
considérant que son emprisonnement ne faisait que sanctionner
l'exercice légitime de sa liberté d'expression. Zouhair Yahyaoui a
mené trois grèves de la faim pour protester contre sa détention et
son état de santé s'est nettement aggravé depuis son incarcération.

Cette libération, qui reste " conditionnelle ", intervient
paradoxalement dans un contexte d'aggravation de la répression et du
harcèlement des défenseurs des droits de l'Homme en Tunisie. Ainsi,
Me Radhia Nasraoui est la cible depuis de nombreuses années d'actes
de harcèlement et d'agression en raison de son activité en tant
qu'avocate de prisonniers politiques et en tant que défenseur des
droits de l'Homme. Elle a entamé une grève de la faim le 13 octobre
dernier et a du âtre hospitalisée le 17 novembre en raison de la
dégradation de son état de santé. De nombreux autres défenseurs des
droits de l'Homme continuent de subir des entraves systématiques à
leur activité en faveur des droits de l'Homme et un harcèlement
judiciaire. Ainsi Om Zied, journaliste et membre fondateur du CNLT
comparait aujourd'hui devant le tribunal de première instance de
Tunis pour " trafic de devises " et risque jusqu'à cinq
d'emprisonnement. L'Observatoire a mandaté un observateur judiciaire
à l'audience.

En outre, on observe une dégradation de la situation des détenus
politiques et d'opinion en Tunisie dont plusieurs ont observé des
grèves de la faim au cours des dernières
semaines.

L'Observatoire appelle les autorités tunisiennes à cesser le
harcèlement dont fait l'objet Me Nasraoui.

L'Observatoire demande aux autorités tunisiennes de respecter en
toutes circonstances les instruments internationaux de protection des
droits de l'Homme auxquels la Tunisie est partie et en particulier la
Déclaration de l'Assemblée générale des Nations unies sur les
défenseurs des droits de l'Homme du 9 décembre 1998.

Contact OMCT: +4122 809 49 39
Contact FIDH: +331 43 55 25 18