Guinée
27.02.07
Interventions urgentes

L'Assemblée Nationale rejette la demande de prolongation de la loi martiale

Genève, le 27 février 2007 – Le Secrétariat international de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) salue la décision du 23 février 2007 de l’Assemblée nationale de la République de Guinée de rejeter la demande du président Lansana Conté de prolonger l’état de siège en place depuis le 12 février 2007.

Le président Lansana Conté avait déclaré le couvre-feu en Guinée dans le cadre de l’état d’urgence qui devait durer jusqu’au 23 février. Suite à la grève pacifique convoquée en janvier par les syndicats nationaux afin d’exercer une certaine pression sur le président au sujet de plusieurs réclamations économiques et sociales, l’armée nationale avait reçu l’ordre du président Conté de prendre les mesures nécessaires pour restaurer l’ordre dans le pays.

Des rapports de la Confédération syndicale internationale (CSI), membre du réseau SOS-Torture de l’OMCT, ont témoigné de la violence exercée par les forces de sécurité lors des démonstrations pacifiques en soutien de la grève, pendant lesquelles beaucoup de gens ont été arrêtés et détenus arbitrairement, parmi lesquels se trouvaient des leaders syndicalistes.

Le 27 janvier 2007, un accord qui mettait fin à la grève a été signé entre les syndicats nationaux (CNTG-USTG, ONSLG et UDTG) et le gouvernement guinéen. Sur la base de cet accord, le président guinéen s’engageait à créer un gouvernement de consensus général dirigé par un premier ministre, « à respecter strictement le principe de la séparation des pouvoirs », ainsi qu’à une série de mesures essentielles visant à assurer les revenus et le niveau de vie.

Cependant, la grève a été convoquée à nouveau le 12 février 2007, suite à la désignation par le président Conté de M. Eugène Camara, ministre d'État aux affaires présidentielles et son bras droit, comme premier ministre. Suite à cette désignation, les syndicats nationaux ont manifesté leur mécontentement et ont exigé la démission de M. Conté. Ceci a renouvelé les interventions militaires, élevant le bilan des morts à mi-février à plus de 80, avec des centaines de blessés.

Heureusement, ce deuxième épisode de violence et de menace à la vie des syndicalistes et à celle d’autres citoyens guinéens à été mené à terme le 23 février 2007 grâce à la décision de l’Assemblée nationale de la République de Guinée de rejeter la demande du président Lansana Conté de prolonger l’état de siège. Le Secrétariat international de l’OMCT salue cette décision de l’Assemblée nationale guinéenne, rassuré du fait que cette décision est un premier pas vers la résolution du conflit en Guinée qui, lamentablement, a déjà fait trop de morts et de blessés.

À cet égard, l’OMCT demande aux autorités guinéennes d’ordonner la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées durant les démonstrations en l’absence de charges valables ou, le cas échéant, les traduire devant un tribunal civil, impartial et compétent tout en garantissant leurs droits procéduraux en tout temps. Les autorités devraient aussi mener une enquête exhaustive et impartiale sur ces événements comme prévu dans l’accord du 27 janvier, afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal civil indépendant, compétent et impartial et d’appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi.

Enfin, l’OMCT exhorte les autorités guinéennes à garantir le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales à travers le pays, selon les lois nationales et les instruments internationaux des droits de l’homme.

Genève le 27 février 2007

Contact:
OMCT: 0041 22 809 49 39