Burundi
27.04.18
Interventions urgentes

Condamné à 32 ans de prison, Germain Rukuki victime d’un simulacre de justice

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - L’OBSERVATOIRE

BURUNDI : Condamné à 32 ans de prison, Germain Rukuki victime d’unsimulacre de justice

Paris-Genève, le 27 avril 2018 - Ledéfenseur des droits humains Germain Rukuki a été condamné à une peine de 32ans de prison à l’issue d’un procès entaché d’irrégularités. L’Observatoirepour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (FIDH-OMCT) dénoncel’une des plus lourdes peines jamais prononcées à l’encontre d’un défenseur desdroits humains au Burundi.

Le26 avril 2018, le Tribunal de grande instance de Ntahangwa a condamné ledéfenseur Germain Rukuki à 32 ansd’emprisonnement pour « mouvement insurrectionnel », « atteinte à la sûretéintérieure de l’État » et « rébellion ». Ni Germain Rukuki ni ses avocatsn’étaient présents à la lecture de la sentence. Germain Rukuki est détenudepuis juillet 2017 pour avoir collaboré avec l’Action des chrétiens pourl’abolition de la torture au Burundi (ACAT-Burundi), qui documente les actes detorture et autres crimes commis dans le pays, principalement par le régime du PrésidentNkurunziza.

Cette décision manifestement politique intervient àtrois semaines d’un référendumconstitutionnel hautement contesté qui vise à maintenir le Président Nkurunziza aupouvoir jusqu’en 2034, et trois ans après le déclenchement de la crise burundaise à la suite de l’annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza pour cetroisième mandat.

« Jugé àhuis clos au sein même de la prison de Ngozi, charges rajoutées à la dernièreminute sans instruction, impossibilité pour ses avocats d’accéder aux pièces dudossier, la très lourde condamnation de Germain Rukuki illustre clairement lavolonté des autorités de faire taire à tout prix les défenseurs des droitshumains au Burundi », a déclaré Drissa Traoré, Vice-président de la FIDH.

GermainRukuki est devenu au fil de son procès un cas emblématique de la répression etdu harcèlement judiciaire qui s’abat sur la communauté des défenseurs desdroits humains burundais depuis le début de la crise en avril 2015. L’ensemblede la procédure judiciaire enclenchée à son encontre a été entachée de nombreusesirrégularités. Germain Rukuki a d’abord été arrêté et détenuillégalement dans l’enceinte du Service national de renseignement (SNR) avantd’être transféré à la prison de Ngozi et de comparaître à deux reprises,systématiquement en violation de son droit à un procès équitable. Aucune preuveconcrète et convaincante n’a été présentée à son encontre et de nombreuxéléments indiquent que cette condamnation est avant tout politique. Au cours dela première audience le 13 février 2018, des diplomates étrangers ont étéinterdits d’observer le procès. D’après nos sources, Germain Rukuki entendfaire appel de la décision.

« Cette décision est sans précédent et sonnecomme un message adressé à toutes celles et tous ceux qui oseraient s’opposerau régime et dénoncer les crimes qu’il commet. Nous condamnons fermement cesimulacre de justice qui témoigne de la complicité des autorités judiciairesburundaises qui ne font qu’exécuter les ordres du régime », a déclaré Gerald Staberock, Secrétaire général de l’OMCT.

Cettecondamnation n’est qu’un acte de représailles contre les activités pacifiqueset légitimes de défense des droits humains de Germain Rukuki. L’Observatoireappelle les autorités burundaises à procéder à sa libération immédiate etinconditionnelle et à garantir le respect de son droit à un procès équitable aucours de l’ensemble des procédures engagées à son encontre.

Depuis2015, les droits humains sont quotidiennement attaqués par les autorités aupouvoir qui ne tolèrent aucune critique, tuent, torturent, font disparaître,arrêtent et emprisonnent en dehors de toute procédure légale ceux perçus commeopposés au régime. De même, la société civile burundaise dans son entier estprise pour cible sans relâche : radiationsdes principales organisations de défense des droits humains, adoptionde lois visant à contrôler les associations, disparitions forcées, arrestationset détention illégales de défenseurs, harcèlement judiciaire continu, et lourdes condamnationspénales. Latrésorière de la Ligue ITEKA, Marie-ClaudetteKwizera, enlevéepar des agents du SNR le 13 décembre 2015, est ainsi toujours portée disparueet a très probablement été assassinée.

L’Observatoire,partenariat de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT),a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes deviolations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. La FIDH etl’OMCT sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européennepour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civileinternationale.

Pour plusd'informations, merci de contacter :

  • FIDH : Maryna Chebat : +33 6 48 05 91 57
  • OMCT : Marta Gionco / Delphine Reculeau :+41 22 809 49 39