Russie
20.11.03
Interventions urgentes

Russie/Tchétchénie: l’OMCT présente un rapport au Comité des Nations Unies sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels.

COMMUNIQUE DE PRESSE


Aux représentants de la presse

Genève, le 20 novembre 2003



Russie/Tchétchénie: l’OMCT présente un rapport au Comité des Nations Unies sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels.

La population civile soit faire face à des conditions de vie à la limite du supportable a souligné l’Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT) dans un rapport présenté le 17 novembre au Comité des Nations Unies sur les Droits Economiques, sociaux et culturels.

Selon le rapport intitulé « Chechnya : no means to live », un tel état de fait est indéniablement lié à l’impact des deux guerres qui ont ravagé la Tchétchénie. Néanmoins, il en ressort que ce sont bien plus la corruption rampante au sein des forces armées et de l’administration Tchétchène pro-Russe, l’arbitraire des mesures appliquées par les autorités, ainsi que l’absence de mesures adéquates pouvant restaurer l’état de droit et garantir les besoins de base de la population qui constituent les principaux éléments pouvant expliquer le désastre socio-économique tchétchène actuel. A cet égard, le rapport montre clairement à quel point une telle situation est intrinsèquement liée au système d’impunité actuellement en place, à la persistance des exactions commises contre la population civile ainsi qu’aux attaques répétées et systématiques à l’encontre de ceux qui documentent les abus commis par les autorités russes en Tchétchénie. De plus, une politique de retour forcé des personnes déplacées dans les républiques voisines est actuellement à l’œuvre, alors que les conditions minimales d’un retour sont loin d’être remplies, tant sur le plan de la sécurité des personnes que des possiblités de logement.

Le plan de reconstruction de la République Tchétchène, lancé en 2000, reste limité et peine à atteindre les objectifs annoncés. Les fonds alloués à la reconstruction disparaissent ou sont détournés, ne laissant parfois pas assez d’argent pour payer les ouvriers qui, de fait, revendent les matériaux de construction en guise de salaire. Ainsi, malgré les montants alloués « sur le papier » à la reconstruction des maisons, peu de progrès ont été réalisés en la matière. Environ 80% des habitations ayant été détruit durant les deux guerres, de nombreuses personnes continuent de vivre dans des ruines, des étables, des caves ou dans des maisons sans fenêtres, dont le toit est soit criblé de trous, soit recouvert de bâches en plastique. Les gens dont les maisons ont été détruites ne peuvent reconstruire leurs maisons eux-même en raison du manque de ressources et de l’état avancé des démolitions. A cet égard, le processus de compensation pour les maisons détruites par les autorités lors des bombardements et des opérations de nettoyage, annoncé à corps et à cri par les autorités peu avant les élections présidentielles, n’a pas, pour le moment, rendu justice aux victimes. En outre, le pillage des biens dans les villages ainsi que les démolitions de maisons demeurent une réalité dans certains districts de la République.

Alors que la majorité de la population ayant traversé les deux guerres souffre de troubles psychologiques, l’état actuel du système de santé en Tchétchénie ne permet simplement pas de répondre à une telle situation. La majorité des infrastructures sanitaires a été détruite pendant les deux guerres, et celles qui sont aujourd’hui encore debout ou ont été reconstruites restent sous-équipées en matériel, médicaments et personnel. Dans de nombreux cas, les personnes malades ou blessées ont peur de se rendre dans un centre de santé ou à l’hôpital en raison des fréquentes descentes et arrestations menées par les forces armées. A cela s’ajoutent les coûts informels que les malades doivent assumer pour être opérés, pouvoir être reçus par un médecin ou une infirmière ou simplement pour recevoir un traitement. De fait, la plupart d’entre eux, ne pouvant se permettre de telles dépenses, restent sans attention médicale.

Les 17 et 18 novembre, le Comité des Nations Unies sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels a passé en revue les mesures prises par la Fédération de Russie afin de garantir la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels sur son territoire. A cet égard, force est de constater que la situation qui prévaut aujourd'hui en Tchétchénie est bien loin de correspondre au discours de normalisation tenu par les autorités.


Le rapport « Chechnya : no means to live”, 49 pp., est disponible uniquement en anglais.

Contact OMCT : Christine Ferrier +4122 809.49.39 cf@omct.org