République démocratique du Congo
04.05.07
Interventions urgentes

Libération de Me Nlandu

Cas COD 271106.2
Suivi du Cas COD 271106 et Cas COD 271106.1
Libérations/ Acquittements
Genève, le 4 mai 2007

Le Secrétariat international de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a reçu de nouvelles informations concernant la situation suivante en République démocratique du Congo (RDC).

Nouvelles informations

Le Secrétariat international de l’OMCT a été informé par le Comité des observateurs des droits de l’homme (CODHO), membre du réseau SOS-Torture, de la libération de Maître Marie Thérèse Nlandu Mpolo-Nene, avocate au barreau de Kinshasa, présidente du parti politique « Congo pour la Paix » et membre de l’alliance politique « Union pour la Nation » (UN), ainsi que des co-accusés, le 30 avril 2007.

Selon les informations reçues, Maître Marie Thérèse Nlandu Mpolo-Nene, qui était inculpée d’organisation d’un mouvement insurrectionnel et de détention illégale d’armes de guerre, ainsi que ses associés, Pasteur (José) Lifumba Botumbele[1], M. Charles Félix Kianza Bata, M. Bienvenu Tungu Makumbu (nom complet), M. Kongbo Nziangba, M. Claude Gayo Denvo, M. André (Gauthier) Lusiladio Mavambu (nom complet) et M. Gbala Kukambisa, accusés de participation à un mouvement insurrectionnel et détention illégale d’armes de guerre[2], ont été acquittés le 30 avril 2007 par le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Goma.

M. Ruffin Edjanga Fataki et M. Basisa Iyondo, deux soldats également accusés dans cette affaire, ont été aussi acquittés le 30 avril 2007.

Rappel des faits

Le Secrétariat international de l’OMCT avait été informé de l’arrestation et de la détention arbitraire de Maître Marie Thérèse Nlandu Mpolo-Nene en date du 21 novembre 2006 par les agents des services spéciaux de la police à Kinshasa.

Candidate malheureuse au premier tour à l’élection présidentielle, Maître Nlandu soutenait le candidat Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président, au second tour. Alors que la Cour suprême de justice de Kinshasa statuait sur le recours en annulation du résultat du deuxième tour, Maître Nlandu avait pris la parole, le 21 novembre 2006, devant les partisans de Jean-Pierre Bemba attendant devant la Cour, propos qui selon le Ministère public auraient incité les personnes présentes à envahir, piller, saccager et incendier partiellement les locaux de la Cour suprême.

Selon les informations reçues, Maître Nlandu avait été arrêtée alors qu’elle se trouvait au siège des services spéciaux de la police, situé dans l’immeuble Kin-Mazière, dans le but d’apporter de la nourriture à six de ses proches collaborateurs, M. Bienvenu Makumbu, Pasteur José Inonga, M. Gauthier Lusiladio et M. Alpha (voir ci-dessus pour les noms corrigés), les deux autres personnes demeurant au moment de la rédaction de l’appel COD 271106 non identifiées, détenus dans les locaux des services spéciaux de la police après leur arrestation arbitraire le 20 novembre 2006 vers 15h00 par la police d’intervention rapide (PIR).

En effet, les six collaborateurs avaient été arrêtés alors qu’ils accompagnaient Maître Nlandu durant une visite à une connaissance aux alentours de la paroisse catholique Saint Luc de Macampagne à Kinshasa/ Ngaliema. Pendant qu’ils l’attendaient dans la voiture, ils avaient été encerclés par quatre jeeps de la PIR avant d’être finalement forcés de les suivre pour une destination inconnue.

Le 21 novembre 2006, Maître Nlandu, qui s’était rendue au siège des services spéciaux de la police, avait reconnu la voiture de ses collaborateurs dans le parking de l’immeuble. Après avoir reçu confirmation de leur détention, Maître Nlandu était revenue plus tard dans la journée afin de leur apporter de la nourriture. Selon les informations, elle avait été arrêtée sur place en compagnie de son garde du corps. Les deux ont été brutalisés. Par ailleurs, les chaussures et le téléphone portable de Maître Landu lui auraient été confisqués. Ils avaient été placés en détention dans les mêmes locaux.

Maître Nlandu avait été transférée le 23 novembre 2006 avec ses collaborateurs au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK). Selon les informations, ils avaient tous été tabassés par les policiers. Maître Nlandu se trouvait depuis incarcérée au pavillon 9 (pavillon des femmes).

Le procès de Maître Nlandu et de ses associés avait débuté à Kinshasa le 22 décembre 2006. Les audiences avaient été ajournées au 3 janvier 2007 afin que Maître Nlandu puisse recevoir un traitement médical pour une bronchopneumopathie et une haute tension artérielle. Bien que son médecin ait recommandé un séjour en clinique, Maître Nlandu avait été reconduite peu après dans sa cellule du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK). Selon les informations, son état de santé était critique, en partie à cause des mauvaises conditions de détention.

Le 24 janvier 2007, la quatrième audience avait eu lieu pendant laquelle une requête de mise en liberté provisoire en faveur de Maître Nlandu avait été adressée au tribunal. Cette requête avait été rejetée et le procès avait été ajourné.

Remarques

Le Secrétariat international de l’OMCT souhaite remercier toutes celles et ceux qui sont intervenus en leur faveur, membres du réseau, autres organisations et individus.

***

Genève, le 4 mai 2007

[1] Indiqué dans l’appel COD 271106 sous le nom de José Inonga.

[2] Il est à noter que M. Alpha, qui accompagnait Maître Nlandu le 20 novembre 2006, a réussi à s’échapper lors de l’arrestation. Il n’a donc pas été arrêté comme indiqué dans l’appel urgent COD 271106.