Nicaragua
13.12.18
Interventions urgentes

Communiqué de presse : La décision d’interdire le CENIDH marque l'entrée du pays dans un régime dictatorial

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - L'OBSERVATOIRE


Paris-Genève, le 13 décembre 2018 - L'Observatoire pour la protection desdéfenseurs des droits de l'Homme rejette l'annulation du statut juridique dequatre organisations par l'Assemblée nationale du Nicaragua, dont le CENIDH,organisation membre de la FIDH et du réseau SOS Torture de l’OMCT. Cettedécision démontre que l'Assemblée est devenue un tribunal sommaire dédié à larépression des organisations de la société civile dans ce pays.


Le12 décembre 2018, l'Assemblée nationale, a annulé le statut juridique du Centrenicaraguayen des droits humains (CENIDH), en réponse à une demande urgenteadressée le même jour par le ministère de l'Intérieur. Les motifs invoqués pourjustifier cette interdiction seraient que le CENIDH aurait dénaturé sapersonnalité juridique en n'agissant pas conformément aux buts et objectifspour lesquels elle lui avait été accordée "comme la réalisation de la paixet de la justice au Nicaragua”.

L'Observatoireexprime sa grande préoccupation au sujet des dénonciations faisant état de l’encerclementde l'entrée du siège du CENIDH par la force publique, empêchant lestravailleurs d'y entrer et leur disant qu'"ils ne sont plus enrègle". L'Observatoire appelle les autorités à respecter et à garantirl'intégrité physique de l'ensemble de l'équipe du CENIDH.

"Cettedécision constitue une restriction arbitraire du droit à la libertéd'association en violation des obligations internationales du Nicaragua. Ils'agit clairement d'un acte de représailles pour sa dénonciation active desviolations des droits humains depuis sa création en 1990. Nous réitérons notresolidarité avec le CENIDH", a déclaré Dimitris Christopoulos,Président de la FIDH.

"Cetoutrage est un exemple du modèle de répression qui vise à anéantir la sociétécivile indépendante au Nicaragua. Depuis 30 ans, le CENIDH représente un espoirpour toutes les victimes de violations des droits humains. Sa fermeture sembleêtre un message au peuple nicaraguayen pour qu'il ne dénonce pas les violationset exactions, mais elle ne parviendra pas à réduire au silence le mouvement desdroits humains", a déclaré Gerald Staberock, Secrétaire général del'OMCT.

LeCENIDH est la quatrième ONG à avoir été dépouillée de son statut légal parl'Assemblée nationale au cours des deux dernières semaines, au motif qu'ellesferaient partie d'une tentative de coup d’État pour renverser le gouvernementnicaraguayen. Hier, l'organisation "Faisons la démocratie" s’est vueretirer sa personnalité juridique, et le 11 décembre, l'Institut d'étudesstratégiques et de politiques publiques (IEEPP) perdait elle aussi sapersonnalité juridique. Enfin, le 29 novembre, l'Assemblée nationale avaitannulé le statut juridique de l'organisation féministe Centro de Información yServicios de Asesoría en Salud (CISAS).

Dansle but de démanteler le militantisme étudiant, rural et toute oppositionpolitique, le régime Ortega-Murillo a déployé ces derniers mois une violenterépression qui a fait plus de 300 morts et des centaines de détenusarbitraires. Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement veut maintenantréduire au silence la société civile en interdisant les ONG qui lui sont opposées.

Dansce contexte, l'Observatoire exprime sa préoccupation et condamne fermement lasuppression de la personnalité juridique du CENIDH. Nous appelons les autoritésà revenir immédiatement sur cette décision et à mettre fin à tous les types deharcèlement contre le CENIDH et d'autres organisations, ainsi que contre tousles défenseur.e.s des droits humains au Nicaragua.

L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme(l'Observatoire) est un programme créé en 1997 par la FIDH et l'Organisationmondiale contre la torture (OMCT) et vise à intervenir pour prévenir ou remédieraux situations concrètes de répression contre les défenseurs des droits del'Homme. La FIDH et l'OMCT sont toutes deux membres de ProtectDefenders.eu, lemécanisme de l'Union européenne pour les défenseurs des droits de l'Homme misen œuvre par la société civile internationale.

ContactsPresse

  • FIDH : Samuel Hanryon (français, anglais) : + 33 6 72 28 28 42 94 / José Carlos Thissen (espagnol) : + 51 95 41 31 650
  • OMCT: Miguel Martín: + 41 22 809 49 39