Burundi
10.04.14
Interventions urgentes

Obstacles aux activités de l'OLUCOME et accusations fallacieuses contre son président, cinq ans après l'assassinat d'Ernest Manirumva

Paris-Genève, le 10 avril 2014. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme,un programme conjoint de la FIDH et de l'OMCT, exprime sa vive préoccupationquant aux obstacles rencontrés par l'Observatoire de lutte contre la corruptionet les malversations économiques (OLUCOME) et aux accusations portées contreson président, cinq ans après l'assassinat de leur vice-président, M. ErnestManirumva.

Le 2 avril 2014,l'OLUCOME a adressé une lettre au maire de la ville de Bujumbura pour luisignifier son intention d'organiser une marche pacifique le 9 avril, dans lecadre de la commémoration du 5ème anniversaire de l'assassinat de M. ErnestManirumva, qui reste non élucidé à ce jour. Cette notification a étéadressée conformément aux termes de la loi n° 1/28 du 5 décembre 2013 portantréglementation des manifestations sur la voie publique et des réunionspubliques.

Par une lettre du 4avril, le maire a cependant interdit la tenue de cet événement tout comme le« multiplex médiatique » relatif à ce dossier, au motif que« certaines organisations de la société civile, y compris le responsablede l'OLUCOME, [visent à] désorienter la justice ». La lettre faitréférence à une conférence de presse organisée le jour même par le procureurgénéral de la République, lors de laquelle ce dernier a évoqué, sans aucun fondement,une possible implication du président actuel de l'OLUCOME, M. Gabriel Rufyiri, dans l'assassinat deson vice-président.

En dépit del'interdiction de la marche pacifique du 9 avril par les autorités, desmilitants ont tout de même pu se rendre sur la tombe d'Ernest Manirumva, etorganiser une messe en sa mémoire.

Le même jour, la Coursuprême a par ailleurs tenu une audience publique sur cet assassinat, qui n'aduré que quelques minutes, avant de renvoyer l’affaire au 25 juin 2014, aumotif que les prévenus n'avaient pas été assignés à comparaître.

L'Observatoire dénoncevivement les obstacles aux activités pacifiques de défense des droits del'Homme de l'OLUCOME ainsi que les accusations fallacieuses portées àl'encontre de son président. L'Observatoire appelle les autorités burundaises àadopter toutes lesmesures nécessaires pour garantir le plein exercice du droit à la libertéd'association, et à mettre un terme à touteforme de harcèlement et d'entraves à l'encontre de l’OLUCOME ainsi que del’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme au Burundi afinqu’ils puissent mener leurs activités de défense des droitsde l’Homme librement et sans entrave.

L'Observatoire appelle plusgénéralement les autorités burundaises à se conformer en toutes circonstancesaux dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs desdroits de l'Homme et aux instruments internationaux et régionaux ratifiés parle Burundi.