Niger
14.10.02
Interventions urgentes

Communiqué-Nigéria : Un rapport sur la situation des droits de l’homme au Nigéria bloqué en douane à Lagos, et les auteurs harcelés.

COMMUNIQUE DE PRESSE


A l’attention des représentants de la presse

Genève, le 14 octobre 2002

Nigéria : Un rapport sur la situation des droits de l’homme au Nigéria bloqué en douane à Lagos, et les auteurs harcelés.

Le Secrétariat international de l’Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT), la plus grande coalition internationale d’organisations non gouvernementales luttant contre la torture, exprime sa très vive préoccupation concernant le fait que des exemplaires d’un rapport publié conjointement par l’OMCT et une organisation nigériane, The Centre for Law Enforcement Education (CLEEN), sont bloqués par le service des douanes à Lagos. Cette publication intitulée « Hope betrayed ? A Report on Impunity and State-Sponsored Violence in Nigeria » est basée sur l’expertise et la contribution de plus de 60 ONG locales. De plus, un chercheur et deux personnes ayant collaboré à la rédaction du rapport sont l’objet de harcèlement de la part d’agents des services de sécurité de l’Etat.

Selon les informations reçues, plus de 2000 exemplaires du rapport envoyé par l’OMCT à CLEEN en vue d’une diffusion au Nigéria, ont été saisis à l’office des douanes de Lagos, en raison de connotations de nature subversive dans le contenu du rapport. Cette publication a été lancée publiquement à Lagos le 26 août dernier, et l’OMCT est très surprise par le changement d’humeur soudain des autorités envers cette publication et envers ceux qui ont participé à son élaboration.

Deux des co-auteurs d’un chapitre sur les tueries de Benue, -au cours desquelles l’armée nigériane massacra un grand nombre de civils en réponse à l’enlèvement et au meurtre de soldats durant les conflits inter-ethniques entre les groupes Tiv et Junkun dans la vallée de Benue-, sont harcelés par les autorités, qui les ont sommés de se présenter immédiatement au service de la Sécurité de l’Etat (SSS) à Abuja.

L’OMCT est très préoccupée par l’intégrité physique et psychologique de ces deux personnes, Mesdames Isioma Ojugbana et Ijeoma Nwachukwu, toutes deux membres de l’organisation Civil Liberties Organisation (CLO) à Lagos. Elle craint qu’elles puissent être victimes d’arrestation arbitraire et de mauvais traitement si elles se présentent aux SSS.

Le vendredi 4 octobre 2002, une personne connue sous le nom de Mohamed s’est rendue dans les bureaux de la CLO et a invité les personnes sus-mentionnées à se présenter immédiatement aux SSS. Plus tard dans la même journée, ainsi que le 8 octobre, l’ONG nigériane a reçu des appels téléphoniques demandant que ces personnes se présentent immédiatement aux SSS. L’OMCT a également été informée du fait que le directeur des SSS a aussi appelé CLO et a ordonné, de manière menaçante, que les deux personnes se rendent immédiatement à son bureau à Abuja. Mesdames Ojugbana et Nwachukwu ont demandé que cette convocation leur soit adressée par écrit et que les raisons de cette convocation y soient mentionnées, en conséquence de quoi elles y répondraient. Elles attendent toujours cette convocation écrite, et vivent actuellement dans la peur.

De plus, Monsieur Idris Bawa, l’un des chercheurs pour la Commission Nationale des Droits de l’homme ayant également contribué à la rédaction de cette publication, a été invité aux Services de Sécurité de l’Etat pour être interrogé en relation avec cette affaire.

Le Secrétariat international de l’OMCT est gravement préoccupé par le fait que les autorités tentent de bloquer la diffusion de ce rapport, qui représente une concrétisation très importante de la collaboration des ONG nigérianes dans la surveillance de la situation des droits de l’homme dans le pays. C’est pourquoi, l’OMCT prie instamment les autorités de débloquer ces ouvrages afin qu’ils soient remis à leurs destinataires dans les plus brefs délais. L’organisation est également très préoccupée par les menaces et le harcèlement provoqué par les services de sécurité de l’Etat à l’encontre de membres de la société civile, et craint que ce comportement n’augure un retour en arrière dans les domaines de la liberté d’expression, d’association et d’opinion. L’OMCT appelle les autorités nigérianes à cesser sans plus attendre toute forme de harcèlement ou de menace à l’encontre les personnes ayant participé à la rédaction de ce rapport.


Contact OMCT : Christine Ferrier, +4122/809.49.39