Mauritanie
22.05.03
Interventions urgentes

Mauritanie: Nouvelles arrestations dans les milieux de l’opposition politique et les milieux religieux

Cas MRT 080503.2
Arrestation arbitraire/ Risque de torture

Genève, le 20 mai 2003

Le Secrétariat international de l’OMCT requiert de toute URGENCE votre intervention dans la situation suivante en Mauritanie.

Nouvelles informations

Le Secrétariat international de l'OMCT a été informé par Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme, membre du réseau SOS-Torture, ainsi que par une autre source fiable, de nouveaux éléments relatifs à la récente vague d’arrestations dans les milieux de l’opposition politique et les milieux religieux en Mauritanie.

Selon ces sources, le 17 mai 2003, suite à une forte pression de l’opinion publique, l'Imam de la grande mosquée de Nouakchott aurait, lors de son prêche diffusé en direct à la radio, demandé au chef de l'Etat la libération des Imams arrêtés les 5 et 6 mai dernier (Mohamed Lemine Ould El Moustapha, Mohamed Lemine Ould Ismail, Mohamed Ould Doua, Sidina Ould Radhy, Khaled Ould Isselmou, Hamoud Ould Dhou Nourayne, Abdarrahmane Ould Sabar et Sidi Amar Ould Cheikhna). La radio aurait aussitôt cessé de diffuser le prêche et le Premier Ministre aurait qualifié les Imams détenus de terroristes. Les Imams ainsi que M. Mohamed Jemil Ould Mansour, maire de Arafat, seraient toujours détenus en dépit de l’expiration des délais de garde à vue.

En outre, la procédure contre les membres du parti NOUHOUD, Messieurs Mohamed Abdallah Ould Eya, Mohamed El Kory Ould El Arby, Horma Ould Mohamed Mahmoud, Mohamed Radhy Ould Naha, Ahmed Ould Oubeid, Ahmedou Ould Brahim, Mohamed Ould Radhy, Cheikhna Ould Hijbou, Sidi Ahmed Ould El Kory et Ahmed Ould Bah, placés sous mandat de dépôt à la prison centrale de Nouakchott, aurait été ouverte par le juge d’instruction le 18 mai 2003.

Par ailleurs, de nouvelles arrestations auraient eu lieu. Messieurs Taleb Khyar Ould Sidi, professeur; Mohamed Ould Abewah, inspecteur d'enseignement et Taki Ould Mohamed Abdallahi, président du tribunal de Toujounine (département de Nouakchott); auraient été arrêtés le 18 mai 2003. Il en serait de même pour Messieurs Habib Ould Himdeit, directeur de la bibliothèque nationale; Ishak Ould El Keyhil, directeur de l'ONG de bienfaisance des Emirats Arabes Unis en Mauritanie et Mohamed El Hafed Ould Gah, professeur à l'université de Nouakchott, arrêtés le 19 mai 2003. Plusieurs étudiants auraient également été arrêtés, dont on ignore l’identité pour le moment.

Brève description des faits

Selon les informations recueillies, 11 membres du parti baathiste NOUHOUD ont été arrêtés entre le 30 avril et le 3 mai 2003, sans mandat et sans signification du motif de l'arrestation. Le 11 mai 2003, dix de ces détenus auraient été déférés devant le procureur et placés sous mandat de dépôt à la prison centrale de Nouakchott pour constitution d'association non autorisée et reconstitution d'un parti politique après sa dissolution. En outre, selon ces mêmes sources, un autre membre du parti NOUHOUD, M. Brahim Ould Mohamed Saghir aurait été arrêté le 6 mai 2003.

De plus, au cours des 5 et 6 mai, M. Mohamed Jemil Ould Mansour, maire de Arafat ainsi que 8 Imams de mosquée auraient été arrêtés. Ces arrestations semblent faire écho à une réunion tenue fin avril entre le Ministre de l’orientation islamique et plusieurs centaines d’Imams, au cours de laquelle celui-ci aurait exigé de ceux-ci qu’ils se plient à ses instructions en leur proférant des menaces. Cette déclaration aurait été fustigée par ces mêmes Imams lors du prêche du vendredi 2 mai.

Enfin, un dernier Imam, M. Mohamed Yeslem Ould Khtoura, aurait été arrêté le 12 mai 2003 à Nouadhibou. Face à cette campagne d’arrestations, 90 Imams et grandes personnalités religieuses auraient écrit au Président de la République pour demander leur libération immédiate.

Action requise

Nous vous prions de bien vouloir écrire aux autorités de la Mauritanie, leur demandant :

i. De garantir l’intégrité physique et psychologique de toutes les personnes mentionnées plus haut ;

ii. De garantir l’accès de ces personnes à leur famille, leurs avocats, et si nécessaire, à un médecin ;

iii. D’ordonner la libération immédiate de toutes ces personnes, en l’absence de charges valables ou, si de telles charges existent, de les traduire en justice en garantissant leurs droits procéduraux en tout temps ;

iv. De garantir le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans tout le pays selon les lois nationales et les normes internationales.

Adresses

- Mr. Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, Président de la République, La Présidence, BP 184 Nouakchott, Mauritanie, Fax: 222 525 26 36

- Mr. Dah Ould Abdel Jelil, Ministre de l’Intérieur, Des Postes et Télécommunications, BP 195 Nouakchott, Mauritanie, Fax : 222 525 36 61

- Mr. Lemrabott Sidi Mahmoud Ould Cheikh Ahmed, Ministre de la Justice, Ministère de la Justice, BP 350 Nouakchott, Mauritanie, Fax : 222 525 70 02


Prière d'écrire à la représentation diplomatique de Mauritanie dans votre pays.

Genève, le 20 mai 2003

Veuillez nous informer de toute action entreprise en citant le code de cet appel dans votre réponse.