Togo
17.04.13
Interventions urgentes

L'OMCT et le CACIT dénoncent le décès d'un enfant lors de la répression violente d'une manifestation d'élèves ainsi que les menaces à l’encontre de cinq dirigeants syndicaux


COMMUNIQUE DE PRESSE


Genève-Lomé, le 17 avril 2013.
LOrganisation mondiale contre la torture (OMCT) et le Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT), une organisation membre du réseau SOS-Torture de l'OMCT, demandent l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale ainsi que des sanctions pénales contre les responsables du décès d’un jeune élève de 12 ans. Nos organisations s’inquiètent également des menaces à l’encontre de cinq dirigeants syndicaux, et appellent les autorités togolaises à garantir leur protection.

Le 15 avril 2013, les forces de l'ordre ont tiré sur des élèves qui manifestaient pacifiquement dans la ville de Dapaong, au nord du Togo, afin de réclamer le droit à l'éducation et soutenir leurs enseignants en grève, un mouvement déclenché ces derniers jours par la Synergie des travailleurs du Togo (STT). Nos organisations dénoncent cet usage de la force disproportionné, et déplorent la mort de Anselme Gouyano Sinandare, un élève de 12 ans, tué lors des tirs de sommation des forces de sécurité.

Depuis le début de cette année, à la suite du vote de la loi sur le statut général de la fonction publique, on assiste à une vive tension entre le gouvernement et les travailleurs réunis au sein de la STT, qui a récemment initié un mouvement de grève afin de réclamer de meilleures conditions de travail pour les fonctionnaires togolais. Après une première grève de 48 heures les 4 et 5 avril 2013, qui a paralysé le secteur de la santé, de l’éducation nationale et une bonne partie de l’administration publique, une nouvelle grève de 72 heures a eu lieu du 10 au 12 avril.

C'est dans ce contexte que cinq responsables de la coordination nationale de la STT - Mme Nadou Lawson-Olounkoule, Dr. Atchi Walla, Dr. Gilbert Senyo Tsolenyanu, M. Abalo Aketa et M. Kalaha Sodja - ont récemment reçu des menaces de mort.

Par exemple, le 10 avril 2013, des agents de renseignement se sont rendus au Centre hospitalier universitaire Sylvanus Olympio (CHU SO) de Lomé à la recherche du Dr. Gilbert Senyo Tsolenyanu et du Dr. Atchi Walla, coordinateur adjoint de la STT, sans préciser les raisons pour lesquelles ils les recherchaient. Par ailleurs, les employeurs du Dr. Walla ont été conseillés de « veiller sur lui ». Il a également été informé par deux de ses proches que son intégrité physique était menacée.

Le 12 avril 2013, deux véhicules sans plaques d’immatriculations se sont postés en face de la maison du Dr. Atchi Walla et ont suivi son jeune cousin, croyant que c’était ce dernier. L’ayant accosté, les occupants de la voiture lui ont soutiré des informations en se réclamant des services de renseignements. Cependant, les autorités ont déclaré ne pas être liées à cet évènement.

Le 17 avril 2013, la STT a envoyé un courrier au Ministre de la Sécurité afin de dénoncer ces actes de harcèlement et menaces. Le CACIT a quant à lui informé le Ministre du Travail de ces menaces, qui a déclaré ne pas être au courant.

L’OMCT et le CACIT dénoncent les menaces et actes de harcèlement à l’encontre des dirigeants de la STT, qui visent manifestement à entraver leurs actions de défense des droits des travailleurs togolais. Nos organisations demandent aux autorités togolaises de prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires pour assurer l’intégrité physique et psychologique de Mme Nadou Lawson-Olounkoule, du Dr. Atchi Walla, du Dr. Gilbert Senyo Tsolenyanu, de M. Abalo Aketa et de M. Kalaha Sodja.

L'OMCT et le CACIT expriment par ailleurs leur vive inquiétude quant aux faits allégués ci-dessus et demandent aux autorités compétentes à ce qu’une enquête immédiate, efficace, exhaustive, indépendante, rigoureuse et impartiale soit menée, afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal civil indépendant, compétent et impartial conformément aux instruments internationaux et régionaux de protection des droits de l’Homme, et d’appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi. Les conclusions de cette enquête doivent être rendues publiques.

Plus généralement, l'OMCT et le CACIT prient les autorités togolaises de mettre immédiatement un terme à la répression de manifestations pacifiques et de garantir le respect de droits de l’homme et des libertés fondamentales à travers le pays, notamment les libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique ainsi que les standards internationaux en matière d’usage de la force, notamment le Code de conduite pour les responsables de l’application des lois et les Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois.

Pour plus d'information, veuillez contacter:

· OMCT : Alexandra Kossin: +41 (0) 22 809 49 39

· CACIT : André Kangni Afanou : + 228 90 02 10 38