Liban
08.04.04
Interventions urgentes

Liban: repression d'un rassemblement pacifique

COMMUNIQUE DE PRESSE

LIBAN : REPRESSION D'UN RASSEMBLEMENT PACIFIQUE

Paris – Genève / 8 avril 2004 – L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, programme conjoint de la FIDH et de l'OMCT, exprime sa vive préoccupation à la suite de la dispersion violente d'un rassemblement pacifique organisé, le 7 avril à Beyrouth, en faveur de la libération des prisonniers libanais détenus en Syrie.

Près de 500 personnes – étudiants, familles de détenus, représentants d'ONG - se sont réunies dans la matinée à l'initiative du Comité des familles de détenus libanais en Syrie et de SOLIDE (Support Of Lebanese In Detention and Exile). Deux jours plus tôt, l'organisation de ce rassemblement avait été annoncée lors d'une conférence de presse.

L'objectif de ce rassemblement était de soutenir la délégation qui devait se rendre au siège de l'ESCWA (Bureau régional des Nations unies) à Beyrouth, afin de déposer une pétition lancée par différents mouvements étudiants, et demandant la libération des Libanais détenus en Syrie dont une estimation minimale est aujourd'hui chiffrée à plus de 200 personnes. Plus de 10 000 signatures avaient été recueillies.

Selon les informations reçues, les participants ont violemment été dispersés par l'armée qui a notamment utilisé des lances à eaux. Plusieurs d’entre eux ont été frappés au moyen de matraques, y compris des personnes âgées membres de familles de prisonniers, ainsi que M. Ghazi AAD, responsable de SOLIDE, dont la chaise roulante a été cassée. Au moins un étudiant a été transporté à l'hôpital. La délégation n’a pas pu se rendre au rendez-vous qui lui avait été fixé avec M. Rawdha, chargé des droits de l'Homme auprès de l'ESCWA.

L'Observatoire dénonce ces faits qui constituent une grave atteinte aux libertés d'expression et de rassemblement pacifique. Ces faits s'inscrivent notamment en contradiction flagrante avec les dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'Homme, adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, notamment à son article 5 a) qui garantit le droit de se réunir et de se rassembler pacifiquement, et à son article 9§4 qui dispose que « conformément aux procédures et instruments internationaux applicables, chacun a le droit, individuellement ou en association avec d'autres, de s'adresser sans restriction aux organes internationaux compétents de manière générale ou spéciale pour recevoir et examiner des communications relatives aux droits de l'Homme, et de communiquer librement avec ces organes ».

L'Observatoire appelle les autorités libanaises à mettre fin à toute forme de violence à l'encontre des familles de prisonniers et de disparus et des étudiants et membres d’ONG qui les soutiennent et à garantir leur droit à la liberté d’expression, conformément à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. L'Observatoire appelle plus largement les autorités libanaises à se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'Homme et aux instruments internationaux relatifs aux droits de l'Homme ratifiés par le Liban.

Contact presse : FIDH : 00 33 1 43 55 25 18 / OMCT : 00 41 22 809 49 39