Côte d'Ivoire
11.11.02
Interventions urgentes

Côte d'Ivoire: l'avocat défenseur de droits humains Zoro Bi Ballo calomnié par le gouvernement

APPEL URGENT – L’OBSERVATOIRE


CIV 001 / 1102 / OBS 065
Campagne de diffamation
COTE D’IVOIRE
8 novembre 2002

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT, vous prie d’intervenir d’urgence à propos de la situation suivante en Côte d’Ivoire.

Description des faits :

L’Observatoire a été informé de graves propos diffamatoires à l’encontre de M. Epiphane Zoro Bi Ballo, magistrat et Président du Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH), vivant actuellement en exil en Belgique.

Selon les informations reçues, un « officier du renseignement burkinabé », non identifié, accuse M. Zoro Bi Ballo d’être « le directeur de la communication et chargé des relations extérieures » du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI), organe politique de la rébellion qui combat actuellement contre les forces loyalistes.

Dans une interview mise en ligne le 6 novembre 2002 sur le site officiel du gouvernement ivoirien, sous la rubrique « Attaque terroriste contre la Côte d’Ivoire », cet officier relate une soi-disante conversation téléphonique que M. Zoro Bi Ballo aurait eue le 17 septembre, à l’hôtel Pacifique à Ouagadougou. Lors de cette conversation, il aurait reçu l’ordre de « faire exécuter ce qui était prévu », à savoir « abattre les ministres de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité, le Chef d’Etat major,… ». Ces informations auraient fait l’objet de tracts diffusés à Abidjan début novembre, avant d’être mises en ligne par le gouvernement.

L’Observatoire craint que cette campagne de diffamation ne constitue un acte de représailles aux activités menées par M. Zoro Bi Ballo en faveur de la lutte contre l’impunité en Côte d’Ivoire. M. Zoro Bi Ballo soutient en effet les victimes des graves violences perpétrées en octobre et décembre 2000 par les forces de l’ordre, dans une procédure judiciaire intentée à Bruxelles contre les dirigeants ivoiriens. Plus généralement, M. Zoro Bi Ballo est visé en tant que Président du MIDH, organisation qui a lancé de nombreuses campagnes en faveur de la lutte contre l’impunité en Côte d’Ivoire, depuis sa création à la suite des événements d’octobre 2000.

Les déclarations diffusées sont manifestement erronées : M. Zoro Bi Ballo était en effet à Bruxelles le 17 septembre 2002, et non pas à Ouagadougou. En tout état de cause, elles ont été produites dans le seul but de lui nuire. Celui-ci dément en outre formellement être le représentant du MPCI et avoir un quelconque lien avec le mouvement rebelle.

L’Observatoire est vivement préoccupé par ces propos diffamatoires qui, dans le contexte actuel en Côte d’Ivoire, constituent une véritable menace pour la vie et la sécurité de M. Zoro Bi Ballo.

Actions demandées :

Merci d’écrire aux autorités ivoiriennes afin de leur demander de :

i. Mettre un terme de façon immédiate à toute campagne de diffamation visant M. Zoro Bi Ballo, celle-ci pouvant être de nature à mettre sa vie en danger ;
ii. Mettre un terme à toute forme de harcèlement visant les personnes engagées en faveur de la lutte contre l’impunité et de la sauvegarde des droits de l’Homme et de l’Etat de droit en Côte d’Ivoire ;
iii. Se conformer à la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, notamment à son article 1 qui stipule que « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international », ainsi que son article 9.3.c, qui stipule que « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, d’offrir et prêter une assistance juridique professionnelle qualifiée ou tout autre conseil et appui pertinents pour la défense des droits de l’Homme et des libertés fondamentales » ;
iv. Se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et des instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme liant la Côte d’Ivoire.

Adresses :

·Présidence, 01 BP 1354, Abidjan 01, Fax : +225 20 31 45 40

·Primature, 01 BP 1533, Abidjan 01, Fax: +225 20 22 18 33

·Ministère de l'intérieur, BP V 241, Abidjan, Fax : +225 20 32 32 27

·Minstère de la justice et des libertés publiques, BP V 107, Abidjan, Fax : +225 20 33 12 59


Paris - Genève, le 8 novembre 2002

Merci de bien vouloir informer l'Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

L'Observatoire, programme de la FIDH et de l'OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l'Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.
L'Observatoire a été lauréat 1998 du prix des Droits de l'Homme de la République Française.

Pour contacter l'Observatoire, appeler La Ligne d'Urgence :
Tel et fax FIDH : 33 (0) 1 43 55 20 11 / 01 43 55 18 80
Tel et fax OMCT : +4122 809 49 39 / 41 42 809 49 29
E.Mail: observatoire@iprolink.ch