Tunisie
13.01.11
Interventions urgentes

Condamnation de la répression violente du mouvement social tunisien et appel des organisations internationales de défense des droits de l’Homme à une réaction forte de la communauté internationale

OMCT -REMDH - FIDH - CIHRS - RSF

TUNISIE:Condamnation de la répression violente du mouvement social tunisien et appeldes organisations internationales de défense des droits de l’Homme à uneréaction forte de la communauté internationale

13 janvier 2011 - Nos organisations, le Réseau Euro-méditerranéen des Droits del’Homme, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme,l’Organisation mondiale contre la Torture, l’Institut du Caire pour lesEtudes des Droits de l’Homme et Reporters sans frontières expriment leur plusvive inquiétude quant à l’évolution dramatique de la situation en Tunisie, oùse déroule actuellement une répression violente et aveugle d'un mouvement deprotestation d'ampleur nationale sans précédent dénonçant l'injustice sociale,la corruption, le déni des libertés fondamentales et du droit à la dignité.

Nos organisationscondamnent avec la plus grande fermeté les violations graves, disproportionnéeset systématiques des droits de l’Homme perpétrées par les autorités àl’encontre du mouvement de contestation. En particulier, nos organisationscondamnent l’usage d’armes à feu par les forces de police contre des civilsdésarmés qui a déjà provoqué la mort d’au moins 23 personnes, des centainesd’arrestations arbitraires et l’usage répété des mauvais traitements et de latorture.

Nos organisations ontdénoncé avec constance la dégradation de la situation des droits de l’Homme enTunisie depuis les élections présidentielles et législatives d’octobre 2009, etdemandent avec insistance à l’Union européenne (UE) de tirer les conséquencesdu déni, par le gouvernement tunisien, de ses engagements internationaux,notamment en matière de libertés d’expression, d’association et derassemblement. Nous regrettons d’autant plus l’absence de réaction rapide etappropriée de la part de l’UE, alors même qu’elle négocie actuellement unrehaussement de ses relations avec la Tunisie par l’octroi d’un « statut avancé» dans le cadre de la politique de voisinage.

Les violations flagrantesdu droit international commises par les autorités tunisiennes ne peuvent êtreignorées par l’UE et ses Etats membres et nos organisations appellent l’UE àcondamner ces violations expressément.

Dans ce contexte, nosorganisations demandent à la communauté internationale, et notamment l'ONU etl'UE d’adopter une position ferme vis-à-vis des autorités tunisiennes pourfaire respecter les engagements conjoints en matière de droits de l'Homme, etde demander à la Tunisie :

· le respect de la liberté de rassemblement pacifique, notamment la fin immédiatede l’escalade de la violence et l’arrêt des tirs à balles réelles par lesforces de l’ordre sur les manifestants;

· la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes, notamment lesdéfenseurs des droits de l’Homme, les avocats, les journalistes, les bloggeurs,les syndicalistes et les personnalités politiques retenues arbitrairement lorsde ce mouvement de protestation et la cessation immédiate de tout acte detorture et autres mauvais traitements;

· la mise en place d’une commission nationale d’enquête, indépendante etimpartiale, chargée d’enquêter sur les violations aux droits de l’hommecommises, y compris les cas d’exécutions extrajudiciaires et d'arrestations arbitraires,d’identifier les responsables et de les traduire, le cas échéant, en justice,avec octroi de réparations aux victimes et/ou à leurs familles;

· la levée du blocus des médias tunisiens et étrangers afin qu’ils puissentcouvrir ces évènements;

· le respect des engagements internationaux en matière de droits de l’hommesouscrits par la Tunisie avec invitation immédiate, sans réserve aucune, desRapporteurs spéciaux des Nations unies sur la torture ; l’indépendance desjuges et des avocats ; la liberté d'expression, les défenseurs des droitsde l’homme et les exécutions extrajudiciaires.

En outre, nosorganisations demandent à la communauté internationale la mise en place d’unecommission d’enquête internationale indépendante sous l’égide des NationsUnies, et à l'UE, la suspension des négociations d’un statut avancé UE-Tunisiejusqu’à ce que des progrès concrets aient été effectivement accomplis par legouvernement tunisien en matière de respect des droits de l’Homme, enparticulier en ce qui concerne la liberté d’expression, d’association et derassemblement pacifique, le pluralisme politique et syndical, le respect del’autonomie des organisations de la société civile, l’indépendance du systèmejudiciaire, la levée de la censure de l’Internet et la libération desprisonniers d’opinion - ces progrès devant être évalués par des expertsindépendants.

Il est vital que l’Etattunisien respecte les droits de l’homme et les libertés fondamentales, et qu’ilrenonce à recourir à toute mesure qui puisse davantage encore exacerber laviolence. Sans cela, cette crise ne trouvera aucune issue.

Contacts :

REMDH – Emilie Dromzée, +32 3 503 06 86, edr@euromedrights.net

FIDH – Grégoire Thery, +322 609 44 21, gthery@fidh.org

OMCT - Anne-LaurenceLacroix, +41 22 809 49 39, omct@omct.org.

RSF – Alexandre Jabert,+33 1 44 8384 82, presse@rsf.org

CIHRS: Ziad Abdel Tawab,+20 123777100, abdeltawab@cihrs.org