Djibouti
24.01.14
Interventions urgentes

Détention au secret de Me Zakaria Abdillahi, président de la Ligue djiboutienne des droits humains

DJI 001 / 0114 / OBS 006

Détention au secret /

Grève de la faim

Djibouti

24 janvier 2014

L’Observatoire pour la protection des défenseursdes droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale desligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre latorture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situationsuivante à Djibouti.

Description de la situation :

L'Observatoire a été informé de sources fiablesde l'arrestation et de la détention au secret de Me Zakaria Abdillahi,président de la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH).

Selon les informations reçues, le 23 janvier2014, Me Zakaria Abdillahi a été arrêté par des gendarmes à Ali-Sabieh, ausud-est de Djibouti. Deux de ses amis français, son chauffeur djiboutien ainsique deux élus de la principale coalition de l’opposition, l'Union pour le salutnational (USN), de la région d’Ali-Sabieh ont également été interpellés à cetteoccasion.

Si les deux élus ont été libérés le jour même,Me Abdillahi, ses deux amis et son chauffeur ont été transférés à la capitaleDjibouti-ville et restent à ce jour détenus incommunicado dans une cellule dela Section de recherches et de documentation (SRD) de la gendarmerie, sansaccès à leur famille, ni à un médecin ou leur avocat. Selon les informationsreçues, Me Abdillahi aurait entamé une grève de la faim le 24 janvier 2014 pourprotester contre sa détention arbitraire.

Depuis plusieurs semaines et en lien avec sesactivités de défense des droits humains, Me Abdillahi recevait des menacesde mort et des pressions. Ce dernier est en effet l'avocat de plusieursmembres de l'opposition djiboutienne victimes d'actes de harcèlement et derépression de la part des autorités.

L'Observatoire dénonce cette détentionarbitraire et craint qu'elle ne soit motivée qu'en raison des activités dedéfense des droits de l'Homme de Me Abdillahi. L'Observatoire appelle lesautorités djiboutiennes à libérer Me Zakaria Abdillahi de manière immédiate etinconditionnelle.

L'Observatoireappelle plus généralement les autorités djiboutiennes à mettre un terme auxdétentions et autres actes de répression, dans un contexte caractérisé par unerecrudescence des arrestations et du harcèlement contre les opposantspolitiques, les journalistes et les militants des droits de l'Homme, contexteégalement condamné le 22 janvier 2014 par Mme Reine Alapini Gansou, Rapporteurespéciale pour les défenseurs des droits de l'Homme de la Commission africainedes droits de l'Homme et des peuples (CADHP) de l'Union africaine.


Actions requises :

L’Observatoire vous prie d’intervenir auprès desautorités de Djibouti et de leur demander de:

  1. Garantir en toutes circonstances l'intégrité physique et psychologique de Me Zakaria Abdillahi, des trois autres personnes détenues à ses côtés, et de tous les défenseurs des droits de l'Homme djiboutiens ;

  1. Libérer de manière immédiate et inconditionnelle Me Zakaria Abdillahi et les trois autres personnes détenues à ses côtés ;

  1. Garantir, dans l'intervalle, l'accès immédiat et inconditionnel de Me Zakaria Abdillahi à ses proches, à un médecin et à un avocat ;

  1. Mettre un terme à toute forme de harcèlement à l’encontre de Me Zakaria Abdillahi, ainsi qu’à celle de tous les défenseurs des droits de l’Homme à Djibouti, afin qu’ils puissent mener leurs activités de défense des droits de l’Homme librement et sans entrave ;

  1. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement à son article 1 qui dispose que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international” ; son article 6(b), qui dispose que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances su tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales” ; et son article 12.2, qui dispose que “l’État prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la [...] Déclaration” ;

  1. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par Djibouti.

Adresses :

· Son Excellence IsmailOmar Guelleh, Président de la République, Palais Présidentiel, BP 6, DjiboutiVille, République de Djibouti. Tel / Fax : 00 253 35 50 49 / 00 253 35 02 01.

· Monsieur Ali FarahAssoweh, Ministre de la Justice, des affaires pénitentiaires et musulmanes,chargé des droits de l’Homme, BP 12, Djibouti Ville, République de Djibouti.Tel / Fax : 00 253 35 54 20

· Monsieur Maki OmarAbdoulkader, Procureur de la République, Tel / Fax : 00 253 35 69 90.

· S.E. Mohamed SiadDoualeh, Ambassadeur, Mission permanente de Djibouti auprès de l’Office desNations unies à Genève, 19 chemin Louis Dunant, 1202 Genève, Suisse, Fax : + 4122 749 10 91. Email : mission.djibouti@djibouti.ch

· Ambassade de Djibouti àBruxelles, 204 avenue F.D. Roosevelt, 1050 Bruxelles, Belgique, Fax : + 32 2347 69 63 ; Email : amb_djib@yahoo.fr

Prière d’écrire également aux représentationsdiplomatiques de Djibouti dans vos pays respectifs.

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Genève-Paris, le 24 janvier 2014

Merci de bien vouloirinformer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code decet appel.

L’Observatoire, programme de la FIDH et de l'OMCT, avocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violationset à leur apporter une aide aussi concrète que possible.

Pour contacter l’Observatoire, appeler La Ligne d’Urgence :

· E-mail : Appeals@fidh-omct.org

· Tel et fax OMCT : + 41 22 80949 39 / 41 22 809 49 29

· Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 25 18 / 33 1 43 55 1880