République démocratique du Congo
26.09.12
Interventions urgentes

À l'approche du sommet de la Francophonie,les attaques contre les défenseurs se multiplient

COMMUNIQUÉDE PRESSE - L'OBSERVATOIRE

RÉPUBLIQUEDÉMOCRATIQUE DU CONGO :

MULTIPLICATION DESATTAQUES VISANT LES DÉFENSEURS DES DROITS DE L'HOMME À L'APPROCHE DU SOMMET DELA FRANCOPHONIE

Paris-Genève, le 26 septembre 2012. L'Observatoirepour la protection des défenseurs des droits de l'homme, un programme conjointde la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et del'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), déplore la multiplication desattaques et des menaces visant les défenseurs des droits de l'Homme àl'approche du Sommet de la Francophonie.

À quelques semaines de l'ouverture du XIVeSommet de la Francophonie, qui se tiendra du 12 au 14 octobre 2012 à Kinshasa,les attaques, menaces et autres actes d'intimidation visant les défenseurs desdroits de l'Homme, dont un avocat et deux journalistes, se sont multipliés.Dans un tel contexte, l'Observatoire s'interroge sur la bonne foi des autoritésà mettre en œuvre les principes fondateurs de l'Organisation internationale dela Francophonie.

Ainsi, le 21 septembre 2012, Me Sylvain Lumu,avocat et secrétaire exécutif de la Ligue des électeurs (LE), a été agresséalors qu'il rentrait à son domicile par des individus voyageant dans unvéhicule. Les auteurs de cette attaque ont emportés ses téléphones et autresdocuments trouvés à bord de la voiture. Le 7 septembre 2012, Me Lumu avait déjàété suivi par des hommes à bord d'une voiture après qu'il eut rendu visite endétention à M. René Kahukula, coordinateur général de l'ONG « Actionspour le Développement des Paysans Déshérités » (ADEPAD) détenuarbitrairement par l'Agence nationale des renseignements (ANR) depuis le 3 juin2012.

D'autre part, le 23 septembre 2012, M. GodéKalonji, journaliste engagé dans la promotion des droits de l'Homme etchargé des alertes au sein de l'ONG Freedom For Journalist (FFJ), a étéviolemment agressé par un groupe de personnes non identifiées alors qu'ilrevenait en voiture de son bureau. Ses agresseurs ont emporté son matériel detravail, dont un appareil photo, des téléphones et des clés USB. L'Observatoires'inquiète de l'état de santé du défenseur des droits de l'Homme, qui a étéhospitalisé aux soins intensifs pendant plusieurs jours.

L'Observatoire relève que Me Sylvain Lumu et M.Godé Kalonji avaient récemment été impliqués dans l'organisation d'uneconférence de presse tenue le 19 septembre 2012 visant à dénoncer des casd'enlèvements et de détentions au secret commis par l'ANR, comme celui par exemple du député de l’oppositionDiomi Ndongala.

Enfin, le 21 septembre 2012, M. Désiré Kazadi,également journaliste et président de FFJ ainsi que de l'ONG Journalistes pourles droits de l'Homme (JPDH), a fait l'objet de menaces et d'intimidations lorsd'un appel téléphonique anonyme mentionnant une lettre qu'il a récemmentcosignée avec M. Kalonji et adressée au Président de la RDC, lui demandant lasuppression du ministère des communications et des médias.

L'Observatoire craint que ces faits ne soientdirectement liés aux activités de défense des droits de l'Homme de Me SylvainLumu et de MM. Godé Kalonji et Désiré Kazadi, qui ont été particulièrementactifs récemment dans leur dénonciation des violations des droits de l'Hommedans le pays. L'Observatoire condamne donc fermement ces attaques et menacesvisant les défenseurs des droits de l'Homme et craint qu'elles ne visent qu'àles intimider à l'approche du Sommet de la Francophonie, auquel les ONG dedéfense des droits de l'Homme doivent prendre part. Il appelle les autorités àmener une enquête exhaustive et impartiale sur toutes ces agressions et menacessuite aux plaintes déposées par les victimes.

« Une telle multiplication des attaques etdes menaces contre les défenseurs des droits de l'Homme n'augure rien de bon àl'approche du Sommet de l'Organisation internationale de la francophonie. »,a ainsi déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. « Il est impératif que tous les défenseurs desdroits de l'Homme puissent s'exprimer dans un cadre sécurisé à la fois pendantet après ce Sommet »,a-elle-poursuivi.

Dans ce cadre, l'Observatoire rappelle parailleurs qu'en vertu de la Déclarationsur les défenseurs des droits de l’Homme de 1998, les autorités de la RDC ontl'obligation de protéger tous les défenseurs des droits de l'Homme de touteforme de violence, menace ou pression.

« Il est impératif queles autorités de RDC se conforment à leurs obligations internationales, etnotamment au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, quiimpose aux autorités judiciaires de mener une enquête exhaustive et impartialesur toutes ces agressions et menaces, et de traduire en justice tous leursresponsables, quelles que soient leurs fonctions. Il en va de la crédibilitédes autorités congolaises », a également rappelé Yves Berthelot,président du Conseil exécutif de l'OMCT.

Pour plus d’informations, veuillez contacter:

· FIDH : Arthur Manet, + 33 1 43 55 25 18

· OMCT : Isabelle Scherer, + 41 22 809 49 23