France
03.07.03
Interventions urgentes

France - Communiqué de Presse - Violence contre les femmes

COMMUNIQUE DE PRESSE


L’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) exprime son inquiétude sur la violence contre les femmes en France, lors de la vingt-neuvième session du Comité des Nations Unies sur l’Elimination de la Discrimination à l’égard des Femmes.


Genève, 3 juillet 2003

Le Comité des Nations Unies sur l’Elimination de la Discrimination à l’égard des Femmes commencera aujourd’hui l’examen de la mise en oeuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes en France. Dans son rapport alternatif intitulé « Violence contre les femmes en France », qui a été soumis au Comité, l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) exprime sa profonde inquiétude face à la torture des femmes et à la violence croissante sur les femmes, dans le secteur privé et les communautés.

Bien que la France ait adopté une législation complète relative à l’élimination de la violence contre les femmes et à la promotion de l’égalité ; la violence et la discrimination à l’égard des femmes persistent en France. Les statistiques indiquent en particulier, qu’une femme sur dix est victime de violence domestique et que six femmes meurent chaque mois suite à des violences perpétrées par leur mari, compagnon ou partenaire. Il convient également de souligner que ces statistiques ne reflètent pas la réelle ampleur de cette forme de violence car de nombreuses femmes victimes de violences domestiques ne dénoncent pas ces actes.

Le rapport de l’OMCT porte une attention particulière aux violences domestiques dans les communautés d’émigrés car les émigrées victimes de cette forme de violence peuvent difficilement échapper au cercle de la violence. Alors que le gouvernement diffuse des informations sur les services à disposition des victimes de violences domestiques, ces informations sont le plus souvent rédigées uniquement en français et la plupart des femmes émigrées ne comprennent pas suffisamment le français pour utiliser ces informations. De plus, de nombreuses femmes émigrées bénéficient d’un permis de séjour à condition de rester mariées, ce qui signifie que si elles quittent un mari violent, elles risquent d’être renvoyées dans leur pays d’origine.

L’OMCT est aussi profondément préoccupée par les viols collectifs qui se déroulent dans les banlieues de Paris, zones où vivent de nombreux groupes marginalisés. Ces viols sont communément appelés tournantes et ont souvent lieu dans des lieux publics tels que des écoles ou des gares. Les jeunes filles sont prises pour cibles par ces bandes de violeurs pour diverses raisons comme le fait qu’elles aient couché avec leur copain, qu’elles soient allées dans une discothèque ou qu’elles aient décidé de porter une mini-jupe. Les statistiques ne reflètent pas l’ampleur du problème car beaucoup de filles ne dénoncent pas ces actes car elles ont peur et honte.

L’OMCT souligne également que la France est un pays de destination pour le trafic de femmes, souvent en provenance d’Afrique de l’Ouest ou d’Europe de l’Est. Beaucoup de victimes de ces trafics sont obligées de se prostituer ou soumises à des servitudes domestiques. Au regard de la prostitution forcée, la victime est souvent isolée et craintive face aux abus psychologiques et physiques, et les victimes font l’objet de viols collectifs organisés par les proxénètes afin de « casser la femme ». Au regard du travail domestique forcé, les victimes sont souvent obligées de travailler de longues heures, sept jours par semaine et ne sont en général pas autorisées à quitter la maison excepté pour accomplir certaines tâches spécifiques.

L’OMCT est également préoccupée par les mauvais traitements des femmes en détention, tant en prison qu’en centre de détention pour émigrés. Les femmes y sont souvent harcelées, blessées physiquement et abusées sexuellement alors que les conditions de détention sont inférieures aux normes standards.

Enfin, le rapport de l’OMCT conclue que, alors que la France a un devoir en droit international, d’agir avec diligence afin d’empêcher, d’enquêter, poursuivre et punir toutes les formes de violence à l’égard des femmes, qu’elles soient commises dans le secteur public ou par des individus privés, cette obligation n’a pas été correctement mise en oeuvre au niveau national.


Pour obtenir un exemplaire du rapport alternatif sur la violence à l’égard des femmes en France (disponible seulement en anglais) ou pour obtenir d’avantage d’informations sur le programme de l’OMCT sur la violence contre les femmes, contactez Lucinda O’Hanlon au + 41 22 809 4939 ou loh@omct.org.