Cameroun
24.05.17
Interventions urgentes

Le défenseur Célestin Yandal victime de quatre années d’acharnement judiciaire



Paris-Genève-Douala,24 mai 2017 – Célestin Yandal,poursuivi depuis 2013 après avoir dénoncé les exactions commises par le cheftraditionnel de Rey Bouba, sera de nouveau entendu par la justice le 25 mai2017. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme(un partenariat FIDH-OMCT) et le Réseau des Défenseurs des Droits Humains enAfrique central (REDHAC) dénoncent ce harcèlement et appellent les autoritéscamerounaises à y mettre un terme dans les plus brefs délais.

Le 25 mai 2017, M. Célestin Yandal, président du Collectifdes jeunes de Touboro, une association de défense des droits des jeunes dans larégion de l’Adamaoua au Cameroun, comparaîtra de nouveau devant le Tribunal degrande instance de Tcholliré pour «complicité de coups et blessures légères sur

M. Issa Barban,un Dogari (homme de main) du Lamido de Rey Bouba ». Il s’agit de la sixième audience depuis l’ouverture du procès le 17mars 2016.

M. Yandal devra comparaître également le 16 juin 2017 devant la Cour d’appelde Garoua dans le cadre d’un autre procès pour « complicité de coup et blessures légères sur M. Idrissou », « destruction et violation de domicile »,« destruction de l’effigie du chef del’Etat camerounais » qui s’est ouvert le 6 mai 2016. Cette seconde affairea déjà été renvoyée neuf fois. M. Yandal avait été condamné en première instance.

Aucune preuve démontrant la culpabilité de M. CélestinYandal n’a jusqu’à maintenant été présentée par les autorités, ce qui laissecroire que ce dernier n’est visé qu’en raison de ses activités légitimes dedéfense des droits humains.

« Le délai raisonnable est une composante clé dudroit à un procès équitable. L’acharnement judiciaire contre Célestin Yandaldure depuis 2013, comment parler de délai « raisonnable » ? Les reportsd’audience incessants sont de toute évidence une tactique pour forcer CélestinYandal à cesser ses activités de défense des droits humains et démobiliser sessoutiens », ont déclaré nos organisations.

Arrêté le 30 novembre 2013, M. Yandal est resté endétention provisoire pendant 21 mois avant d’être libéré le 21 septembre 2015.Le jour de son arrestation, il se rendait à la gendarmerie de Ngaoundéré pourune rencontre privée avec un proche. Peu avant, il avait dénoncé auprès duREDHAC des exactions perpétrées par leLamido (chef traditionnel) de Rey Bouba, second vice-président du Sénat, à l’encontre de jeunes de Touboro. Ce dernieraurait en effet ordonné aux autorités locales, et notamment au Procureur de laRépublique de Tcholliré, l’arrestation de quatorze jeunes de cette localité pour troubles à l’ordre public àTouboro suite à des altercations avec les hommes de mains du Lamido qui étaientvenus racketter les populations de la localité.

« Nous continuerons à soutenir Célestin Yandal et àappeler les autorités à cesser tout harcèlement. De l’examen de son dossier, ilest évident que M. Yandal est visé en représailles de son engagement en faveur des droitshumains. Dans les deux affaires, les autorités ne disposent d’aucunes preuvestangibles soutenant les accusations et nombreuses irrégularités ont étéconstatées depuis le début de la procédure, comme la tenue d’audiences sansqu’il ne soit extrait de sa cellule ou le non-renouvellement par un juge de sonplacement en détention. Ces entraves ne sont pas tolérables dans un Etat dedroit », ont conclu nos organisations. cameroun_yandal_240517_joint.pdf

Pour plus d'informations, veuillez contacter :

· FIDH:Samuel Hanryon (fr) : +33 6 72 28 42 94 / Audrey Couprie (en) : + 33 6 48 05 91 57

· OMCT:Chiara Cosentino : +41 22 809 49 39

· SecrétariatPermanent du REDHAC : +237 233 42 64 04 / 681 238 996