Égypte
18.04.18
Interventions urgentes

Menaces de mort contre le directeur du CIHRS Bahey el-Din Hassan : les États européens et les États-Unis doivent prendre des mesures pour protéger les défenseurs égyptiens dans leur pays comme à l'étranger

Lesorganisations de la société civile soussignées expriment leur indignation faceaux récentes menaces de mort visant le directeur de l’Institut du Caire pourles études des droits de l’homme (CIHRS), Bahey el-Din Hassan, dans lecadre du combat pour les droits humains en Égypte qu’il mène en Europe et auxÉtats-Unis. Le 21 mars 2018, à la suite d’une note envoyée par septgroupes égyptiens indépendants de défense des droits humains, dont le CIHRS, auSecrétaire général de l’ONU au sujet des élections présidentielles en Égypte,l’invité d’une émission télévisée a appelé les autorités égyptiennes à« s’occuper de lui [Bahey el-Din Hassan] de la même façon que l’espionrusse »[1],faisant allusion à l’attaque au gaz innervant contre Sergueï Skripal auRoyaume-Uni.

Au vu dela gravité des menaces proférées à l’encontre de Bahey el-Din Hassan, lesorganisations soussignées appellent les États européens ainsi que lesÉtats-Unis (1) à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger lesdéfenseurs égyptiens des droits humains (DDH) dans leur pays comme à l’étrangeret (2) à demander aux autorités égyptiennes de mener sur-le-champ des enquêtesapprofondies et impartiales sur ces menaces. Les DDH devraient pouvoircoopérer avec les systèmes régionaux et internationaux de défense des droitshumains sans avoir à craindre pour leur vie. Le soutien aux DDH est unepriorité clairement énoncée dans les politiques étrangères de l’UE, de laSuisse, de la Norvège et des États-Unis. Cettepriorité figure également au cœur de la Déclaration des Nations Uniesde 1998 sur les DDH.

Organisationindispensable et reconnue au niveau international, le CIHRS défend les droitshumains au Moyen-Orient et en Afrique du Nord depuis plus de 20 ans.

Cesderniers événements constituent l’exemple le plus récent de harcèlement qu’asubi Bahey el-Din Hassan ces dernières années et qui l’ont contraint à s’exileren 2014 après l’élection du président Abdel Fattah al-Sissi. Ilstémoignent également de mesures de représailles extrêmement inquiétantes àl’encontre des DDH en Égypte et dans de nombreuses autres régions du monde.

Alors queles militants de la cause démocratique en Égypte se retrouvent derrière lesbarreaux pour avoir exprimé leur opinion sur les médias sociaux, ces gravesincitations lancées à plusieurs reprises sur les plateaux de télévision, quiappellent à infliger des souffrances physiques à Bahey el-Din Hassan ainsi qu’àd’autres DDH, ne sont pas traitées de manière adéquate par les autoritéségyptiennes. Dans un contexte de répression sans précédent à l’encontre desdroits humains et de la société civile, et à la veille de la mise en œuvre dela loi draconienne sur les ONG, les autorités égyptiennes semblent déterminéesà réduire les DDH au silence par tous les moyens, y compris en donnant l’ordreaux services de sécurité et aux médias subventionnés par l’État de lesintimider aussi bien en Égypte qu’à l’étranger.

Les ONGégyptiennes ont déjà été témoins de ce type de harcèlement lors d’unatelier sur les droits humains à Rome en mai 2017, au cours duquel deuxpersonnes se sont fait passer pour des journalistes égyptiens et ont pris desphotographies de plusieurs participants égyptiens. Une campagne de dénigrementa ensuite été lancée en Égypte. Moustafa Bakry, personnalité politiqueétroitement associée au président Abdel Fattah al-Sissi et membre du blocparlementaire pro-Sissi, a déclaré dans son émission télévisée que les agencesde sécurité égyptiennes devraient « enlever » les défenseurségyptiens des droits humains qui vivent en Europe, y compris Bahey el-Din Hassan, et les ramener en Égypte « dansdes cercueils »[2],en rappelant que ces pratiques avaient déjà eu lieu par le passé.

À proposde Bahey el-Din Hassan

Le journaliste Bahey el-Din Hassan publie desarticles dans le New York Times et le Washington Post. Il estl’un des principaux initiateurs du mouvement de défense des droits humains enÉgypte et dans la région arabe. Directeur et cofondateur du CIHRS, il estégalement membre des conseils et comités consultatifs de plusieursorganisations internationales de défense des droits humains, notamment laFondation euro-méditerranéenne de soutien aux défenseurs des droits de l’Homme(FEMDH), la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human RightsWatch (HRW) et le Centre international pourla justice transitionnelle (International Center for Transitional Justice,ICTJ). Bahey el-Din Hassan est aussi l’un des membres fondateurs de la FEMDH etd’EuroMed Droits.

1. Américainspour la démocratie et les droits de l’Homme à Bahreïn (Americans for Democracyand Human Rights in Bahrain, ADHRB)

2. Forumasiatique pour les droits de l’Homme et le développement (Asian Forum For HumanRights and Development, FORUM-ASIA)

3. Centrede ressources juridiques asiatiques (Asian Legal Resource Centre, ALRC)

4. Associationpour les droits humains en Éthiopie (Association for Human Rights in Ethiopia,AHRE)

5. Centred’initiatives civiles pour le Caucase (Caucasus Civil Initiatives Center, CCIC)

6. Centro de Estudios Legales y Sociales (CELS) – Argentine

7. CIVICUS- Alliance mondiale pour la participation citoyenne

8. Conectas

9. DefendDefenders(Projet des défenseurs des droits de l’Homme de l’Est et de la Corne del’Afrique)

10. EuroMed Droits

11. FIDH, dans le cadre de l’Observatoire pour la protection desdéfenseurs des droits de l’Homme

12. Front Line Defenders

13. Human Rights First

14. Human Rights Watch

15. Service international pour lesdroits de l’Homme (International Service for Human Rights, ISHR)

16. JOINT – Liga das ONGs emMoçambique (Ligue des ONG du Mozambique)

17. Karapatan (Philippines)

18. Odhikar (Bangladesh)

19. Projet sur la démocratie auMoyen-Orient (Project on Middle East Democracy, POMED)

20. Reporters sans frontières

21. Robert F. Kennedy Human Rights

22. Groupe de travail sur l’Égypte, (The WorkingGroup on Egypt, USA)

23. Organisation mondiale contre la torture (OMCT),dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits del’Homme

[1] Lien vers la vidéo (en arabe) https://youtu.be/gZE8zCePfqw

[2] Lien vers l’émission télévisée (en arabe) https://www.youtube.com/watch?v=eirJclgosPs (34e min)