Tunisie
11.06.08
Interventions urgentes

Décès d'un manifestant suite à l'intervention de la police

Genève, 11 juin 2008. Le Secrétariat international de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) est préoccupé par les allégations d’usage excessif de la force par la police au cours d’une marche contre la cherté de la vie et pour le droit au travail, organisée à Redeyef, dans la région de Gafsa, le 6 juin 2008, causant la mort d’un homme et blessant 21 personnes, dont une gravement.

Selon les informations recueillies par le Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT), organisation membre du réseau SOS-Torture de l’OMCT, la police a ouvert le feu sur les manifestants sans sommation, après avoir annoncé par hauts parleurs l’établissement d’un couvre-feu. M. Hafnaoui Maghdhaoui, âgé de 25 ans, est mort des suites des coups de feu reçus.

L’OMCT appelle les autorités à mener une enquête indépendante, exhaustive et impartiale sur ces événements afin de déterminer si l’utilisation de la force par la police était conforme aux lois nationales et aux normes internationales, y compris le Code de conduite pour les responsables de l’application des lois et les Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois. Les responsables devraient être identifiés, et ce afin de les traduire devant un tribunal civil indépendant, compétent et impartial et les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi devraient être appliquées.

Reconnaissant le droit des autorités de maintenir l’ordre public, l’OMCT souhaite rappeler que les responsables de l’application des lois ne devraient avoir recours à la force que lorsque cela est strictement nécessaire et seulement dans la mesure exigée par l’accomplissement de leurs fonctions.

L’OMCT exprime sa crainte que ce genre d’évènements se répète – autant en Tunisie qu’ailleurs – dans un climat où l’insécurité alimentaire est grandissante. Réprimer par la violence les troubles provoquées par des conditions de vie qui se détériorent tend uniquement à exacerber les tensions sociales et créer un contexte de nouvelle violence. Le droit de manifester pacifiquement, le droit au travail et le droit à l’alimentation ainsi que le droit à un niveau de vie suffisant sont garantis par les instruments internationaux et le climat économique mondial actuel ne justifie pas l’érosion de ces droits.

La région de Gafsa est en ébullition depuis le début de l’année. Depuis six mois, des manifestations sporadiques dénoncent la paupérisation croissante frappant la classe moyenne et la corruption, qui selon les manifestants, y contribue fortement.

Pour plus d’informations, merci de contacter: Alexandra Kossin, +41 22 809 49 39