16.06.06
Interventions urgentes

Journée de l'enfant Africain - L'Organisation Mondiale Contre la Torture appelle au respect du droit à la protection contre la violence de tous les enfants d’Afrique

En Afrique comme dans d'autres régions, la violence physique et psychologique, les abus et mauvais traitements ont lieu à l'encontre des enfants dans le cadre familial, à l'école, en prison et dans diverses institutions. De tels actes sont rarement rapportés ou dénoncés. La Journée de l'enfant africain est une occasion de mettre en avant le droit de tous les enfants en Afrique d'être protégés contre la violence. Cette journée est célébrée le 16 juin chaque année depuis 1991 et commémore les évènements de 1976 de Soweto en Afrique du Sud, lors desquels des centaines de personnes ont été tuées et blessées par les troupes du régime de l'apartheid à la suite d'une manifestation d'écoliers noirs dénonçant le niveau inférieur de leur éducation.

L'Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) travaille depuis des années pour la prévention de la violence contre les enfants et promeut le droit des enfants d'être protégés contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et toutes les formes de violence dans le monde, y compris en Afrique. A l'occasion de la Journée de l'enfant africain, l'OMCT souhaite rappeler aux sociétés et gouvernements africains ainsi qu'au reste du monde que le droit de tous les enfants d'être protégés de la violence n'est toujours pas une réalité pour la plupart des enfants en Afrique. En effet, comme l'OMCT l'a dénoncé dans nombre d’appels urgents et de rapports alternatifs adressés aux comités des Nations Unies, la violence contre les enfants existe en Afrique et ceci sous différentes formes.

Le type de violence le plus répandu à l'encontre les enfants et qui reste légal dans beaucoup d'Etats Africains est certainement le châtiment corporel, tout particulièrement quand il est exercé à la maison. Le châtiment corporel est socialement et culturellement accepté et est donc, par conséquent, largement utilisé comme moyen de discipline dans l'éducation des enfants. Pour justifier leurs actes, les auteurs affirment que les enfants sont différents et ne peuvent être considérés comme détenteurs de droits. Cette méthode d'éducation traditionnelle qu’on estime largement avoir fait ses preuves sur ceux qui sont les adultes d’aujourd’hui est considérée comme efficace est donc répétée par les parents sur leurs enfants. De telles pratiques sont aussi reproduites dans les écoles par les professeurs ou, dans d'autres cas, sont parfois basées sur des croyances religieuses.

L'OMCT considère que le châtiment corporel est un acte humiliant qui viole clairement les droits de l'enfant. Exceptée, la Somalie tous les pays africains ont ratifié la Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant et doivent protéger les enfants contre toutes les formes de violence et d'abus tel que requis par l'article 19 de la Convention. Grâce à la pression des ONG internationales, régionales et locales, une tendance émerge pour lune interdiction légale du châtiment corporel en toute situation (à la maison, à l'école, en prison, en détention provisoire, dans les organismes institutionnels, etc.). Cependant, les pays africains qui interdisent le châtiment corporel, et surtout à la maison, restent une exception. Même dans les Etats où une telle législation existe, sa mise en oeuvre est très difficile et se confronte quotidiennement à des mentalités profondément ancrées.

La prohibition légale du châtiment corporel, comme d'autres formes de violence contre les enfants est une étape nécessaire. Cependant, afin de supprimer réellement les châtiments corporels dans toutes les situations, y compris à la maison, il est essentiel également de sensibiliser les personnes sur un tel sujet. Dans cette perspective, les communautés, notamment enfants, parents et leaders d'opinions, doivent agir conjointement pour mettre fin aux châtiments corporels à l'encontre des enfants.

Bien que les mutilations génitales féminines (MGF) se pratiquent aussi en dehors du continent africain, cette question est capitale pour les individus qui combattent toutes les pratiques traditionnelles néfastes contre les enfants dans cette région. En effet, les MGF constituent une sérieuse atteinte à l'intégrité physique et psychologique des victimes, qui sont principalement des jeunes filles. Les MGF sont souvent réalisées sans anesthésie et dans de mauvaises conditions hygiéniques par des individus non ou peu formés et mènent parfois à des infections et des complications sérieuses ou fatales pour l'enfant. Malgré les efforts entrepris en Afrique pour édicter de nouvelles lois concernant les MGF, la pratique persiste dans certaines régions. De plus, dans les pays qui ont rendus de tels actes illégaux, il n'y a eu que très peu de poursuites judiciaires. Les MGF sont toujours pratiquées car une certaine pression pèse sur les parents et les mères les imposent à leurs filles. En complément de la sensibilisation des communautés, la reconversion des personnes qui pratiquent les MGF devrait être intégrée comme un élément de la solution afin de mettre fin à la pratique des MGF.

Un autre exemple significatif de la violence contre les enfants en Afrique est l'engagement des enfants dans les conflits armés. A cet égard, depuis des années, l'OMCT a diffusé des appels urgents sur la situation au Soudan et a dénoncé tout particulièrement des actes de violence comme la torture, les détentions arbitraires et les exécutions extrajudiciaires commises à l'encontre de beaucoup d'enfants dans ce pays.

Une des raisons pour lesquelles de tels actes de violence (châtiment corporel, mutilations génitales féminines, violence dans les conflits armés) existent toujours en Afrique en 2006 est que ceux-ci restent impunis. Pour cette raison, les gouvernements Africains et l'Union Africaine doivent agir maintenant pour arrêter le cercle vicieux de la violence contre les enfants en mettant fin à l'impunité des auteurs.

L’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), basée à Genève en Suisse, constitue la principale coalition d’organisations non gouvernementales luttant contre les détentions arbitraires, la torture, les exécutions sommaires et extra-judiciaires, les disparitions forcées et autres formes de violence. L’OMCT coordonne le réseau SOS-Torture, comprenant plus de 280 ONG au niveau local et régional, et envoie régulièrement des appels urgents et des cas de graves violations à des milliers de destinataires.