Cameroun
22.05.03
Interventions urgentes

Cameroun: Négligence et mauvais traitements à l'égard d'enfants dits "sorciers"

Cas CMR 200503.EE
EXACTION ENFANTS


Le Secrétariat international de l'OMCT requiert DE TOUTE URGENCE
votre intervention dans la situation suivante au Cameroun.

Brève description de la situation

Le Secrétariat international de l'OMCT a été informé par le Mouvement
pour la Défense des Droits de l'Homme et des Libertés (MDDHL) de cas
de négligence et de mauvais traitements à l'égard d'enfants dits
"sorciers" au Cameroun. Selon les informations fournies, des enfants
dits "sorciers" ont été abandonnés par leurs parents aux soins du "
Centre de Re-éducation Civique " du Marabout Mal Bakary dans le
quartier Doualaré à Maroua, où ils ont été maltraités et exploités.
En effet, dans ce centre les enfant sont forcés, chaînes aux pieds,
de casser et ramasser du gravier sur la montagne plusieurs fois par
jour et subissent des mauvais traitements sous couvert d'exorcisme.
Suite à leur évasion de ce centre durant la nuit du 25 janvier 2003,
huit enfants ont été retrouvés par leur "maître" tandis que cinq
autres ont été hébergés au siège social du MDDHL, à savoir Hamadou
Bachirou (12 ans), Mohama Bladi (14 ans), Yaya Aboubakar (16 ans),
Mouktar Abba Boura (17 ans) et Ali Boukar (17 ans). Le Procureur de
la République a entrepris des poursuites judiciaires contre le
Marabout Mal Bakary, mais la situation demeure inchangée et les
enfants repris par le Centre demeurent toujours maltraités et
exploités.

L'OMCT s'inquiète du sort des huit enfants repris par leur "maître"
et ainsi que de tout autre enfant résidant dans son Centre. Par
ailleurs, l'OMCT est préoccupée par l'absence de prise en charge
adéquate des cinq enfants échappés résidant actuellement au MDDHL et
par l'absence de mesures de réinsertion auprès de leurs familles.
Enfin, l'OMCT s'alarme de l'impunité dont bénéficie le marabout Mal
Bakary.

Le phénomène des enfants dits " sorciers " est répandu en Afrique. Il
existe sous différentes formes notamment au Bénin, au Nigeria, au
Libéria, en Angola, en Afrique du Sud et au Cameroun. En effet, les
enfants difficiles au mal adaptés sont parfois considérés par leurs
parents ou par leurs proches comme ayant des pouvoirs maléfiques et
sont par la suite chassés de leur famille, marginalisés par la
société ou placés dans des centres de re-éducation. Certains d'entre
eux se retrouvent aussi dans des postes de police, à la recherche de
protection, et d'autres sont arrêtés pour vol ou pour vagabondage.
Les conditions de vie des enfants sont précaires et ils sont
fréquemment victimes d'abus et de mauvais traitements.

Le Secrétariat international de l'OMCT s'alarme du problème des
enfants dits "sorciers" en Afrique et soutient pleinement les
principes contenus dans la Convention relative aux droits de l'enfant
(signée et ratifiée par tous les Etats africains), et en particulier
l'article 19 qui requiert que " Les Etats parties prennent toutes les
mesures législatives, administratives, sociales et éducatives
appropriées pour protéger l'enfant contre toute forme de violence,
d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d'abandon ou de
négligence, de mauvais traitement ou d'exploitation (…) " et
l'article 39 qui requiert que les " Etats parties prennent toutes
les mesures appropriées pour faciliter la réadaptation physique et
psychologique et la réinsertion sociale de tout enfant victime de
toute forme de négligence, d'exploitation ou de sévices, de torture
ou de toute autre forme de peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants, ou de conflit armé."

L'OMCT rappelle que la Charte africaine des droits et du bien-être de
l'enfant, ratifiée par le Cameroun en 1997, contient l'article 21 qui
requiert que les "Etats parties (…) prennent toutes les mesures
appropriées pour abolir les coutumes et les pratiques négatives,
culturelles et sociales qui sont au détriment du Bien-Etre, de la
dignité, de la croissance et du développement normal de l'enfant (…)
".


Actions requises

Nous vous prions de bien vouloir écrire aux autorités du Cameroun, en
leur demandant:

i. d'intervenir dans le cas des cinq enfants réfugiés au siège social
du MDDHL de manière à leur assurer un logement, des soins de santé
primaire et un accompagnement adéquat en vue de leur réinsertion
familiale et sociale.
ii. de libérer tout enfant maltraité dans le " Centre de Re-éducation
Civique" de Mal Bakary et d'en assurer la réinsertion familiale et
sociale.
iii. de mettre en œuvre des programmes de protection des enfants dits
"sorciers" au Cameroun.
iv. d'instituer des poursuites envers toute personne commettant des
actes de torture, ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants
envers des enfants, sous prétexte de sorcellerie.

Adresses

M. Amadou ALI, Ministre de la Justice, Ministère de la Justice, 1000
Yaoundé, Cameroun, Fax: + 237 223 0005/222 2154

M. Laurent ESSO, Ministre de la Défense, Ministère de la Défense,
1000 Yaoundé, Cameroun, Fax: + 237 223 5971


M. Rémy ZE MEKA, Secrétaire d'Etat chargé de la Gendarmerie,
Ministère de la Défense, 1000 Yaoundé, Cameroun, Fax: + 237 222 3998

Mme. Cécile MBOMBA KOLLO, Ministre des Affaires Sociales, Ministère
des Affaires Sociales, 1000 Yaoundé, Cameroun, Fax : + 237 923 1121



Son Excellence l'Ambassadeur, M. Jean Simplice NDJEMBA-
ENDEZOUMOU, Rue du Nant 6, CH-1207, Genève, Suisse, Fax: +4122 736
21 65

Genève, le 22 Mai 2003

Veuillez nous informer de toute action entreprise en citant le code
de cet appel dans votre réponse.