Mauritanie
29.05.12
Interventions urgentes

Détention arbitraire de M. Biram Ould Dah Ould Abeid et 11 autres défenseurs des droits de l'homme

LObservatoire pour la protection des défenseurs des droits de lHomme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de lHomme (FIDH) et de lOrganisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie dintervenir de toute urgence sur la situation suivante en Mauritanie.

Description de la situation:

L'Observatoire a été informé par l'Association mauritanienne des droits de l'Homme (AMDH) de la poursuite de la détention arbitraire et du harcèlement judiciaire visant M. Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l'Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA), ainsi que de MM. Issa Ould Ali, Yacoub Diarra, Abidine Ould Maatala, Ahmed Hamdy Ould Hamarvall, Elid Ould Mbarek, Bilal Ould Samba,Leid Ould Lemlih, Abdallahi Abou Diop,Oubeid Ould Imigiene, Boumédiane Ould Batta et Zeidane OuldMouloud, toussympathisants ou membres de l'IRA.

Selon les informations reçues, M. Biram Ould Dah Ould Abeid est détenu depuis le 29 avril 2012 et se trouveactuellement dans les locaux de la Direction de la sûreté de l'Etat (DSE). Ce dernier, ainsi que les 11 autres membres et sympathisants de l'IRA, ont été arrêtés en l'absence de mandat darrêt à son domicile à Riadh dans la nuit du 28 au 29 avril 2012 par une unité de la police politique. Au cours de l'arrestation, les membres de la famille et plusieurs militants de l'IRA ont été brutalisés. Les 12 défenseurs ont d'abord été gardés à vue au commissariat de police du quartier de Tawragh Zeina à Nouackchott, connu pour ses pratiques de torture. Ces arrestations faisaient suite à l'incinération, par M. Biram OuldDah, le 27 avril 2012, de plusieurs ouvrages de référence sur les sciences islamiques justifiant l'esclavage[1]. Le 2 mai 2012, le ministère public mauritanien a finalement décidé d'inculper M. Biram Ould Dah et les 11 membres et sympathisants de l'IRA pour « atteinte à la sécurité de l'Etat », accusation sans lien avec l’incinération des livres, fait qui avait soit disant déclenchél'arrestation. Selon les informations reçues, M. Biram Ould Dah et les autres membres etsympathisants de l'IRA ont été interrogés sur leurs liens avec l'opposition mauritanienne, avec l'étranger, et avec des groupes terroristes dans la région. Toujours selon ces sources, M. Biram Ould Dah a été transféréle 2 mai dans une cellule de la DSE il a été interrogé et intimidé afin de lui faire signer des aveux. Depuis leur arrestation, aucun des 12 militants n'a pu avoir accès à son avocat. Le 9 mai, les avocatsde M. Biram Ould Dah et des membres et sympathisants de l'IRA ont introduit unedemande de visite, qui a été par la suite rejetée. L'épouse de M. Biram Ould Dah n'a pu, quantà elle, lui rendre visite qu'à trois occasions.

Le 3 mai 2012, le cabinet du gouvernement a déclaré que l'incinération de livres par M. Biram Ould Dah était un « acte méprisable », tout en annonçant de très lourdes sanctions contre ses « auteurs ». Depuis le début du mois de mai, des manifestations dénonçant l'incident comme un « blasphème » et appelant à la peine capitale sont fréquemment organisées à Nouackchott. Des contre-manifestationsdénonçant la pratique de l'esclavage et soutenant M. Biram Ould Dah et l'IRA sont quant à elles violemment réprimées par les forces de l'ordre, faisant plusieurs blessés.

Ces différents événements se déroulent dans un climatpolitique et social particulièrement délétère et font suite à d’autresharcèlements, intimidations et arrestations antérieures.

Les militants anti-esclavagistes, en particulier les membres de l'IRA, sont régulièrement harcelés, intimidés et sont l’objet de violences. En janvier 2012, quatre membres de l'IRA avait déjà été arbitrairement détenus. En août 2011, cinq membres de l'IRA, dont M. BiramOuld Dah, avaient été condamnés pour « appartenance à une organisation non enregistrée » et « rassemblement illégal ». En décembre 2010, M. Biram Ould Dah avait été agressé et gardé à vu alors qu'il effectuait une enquête sur un cas présumé d'esclavage. Au printemps de la même année, il avait fait lobjet dune virulente campagne de diffamation orchestrée par le site dinformation en ligne du Carrefour de la République islamique de Mauritanie (CRIDEM), qui laccusait deblasphème contre la religion musulmaneainsi que deracisme contre la communauté maureet decomplot contre la Mauritanie.

L'Observatoire dénonce l'arrestation et le harcèlement judiciaire visant M. Biram Ould Dah et les 11 autresmembres et sympathisants de l'IRA, et appelle les autorités à leur libération immédiate et inconditionnelle en ce que leur détentionne semble viser qu'à sanctionner leurs activités de défense des droits del'Homme..

Actions requises :

LObservatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités mauritaniennes en leur demandant de :

i. Garantir en toute circonstance l'intégrité physique et psychologique de M. Biram Ould Dah Ould Abeid ainsi que de MM. Issa Ould Ali,Yacoub Diarra, Abidine Ould Maatala, Ahmed Hamdy Ould Hamarvall, Elid OuldMbarek, Bilal Ould Samba, Leid Ould Lemlih, Abdallahi Abou Diop, Oubeid OuldImigiene, Boumédiane Ould Batta et Zeidane Ould Mouloud, et de l'ensemble des défenseurs des droits humains en Mauritanie ;

ii. Libérer immédiatement et inconditionnellement M. Biram Ould Dah Ould Abeid ainsi que les 11 autres membres et sympathisants del'IRA car leur détention ne semble viser qu'à sanctionner leurs activités de défense des droits de l'Homme ;

iii. Prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer à M. Biram Ould Dah Ould Abeid ainsi qu'aux 11 autres membres et sympathisants de l'IRA le respect de leur droit à une justice indépendante, transparente et équitable, notamment en accordant un accès immédiat et inconditio