Algérie
30.09.03
Interventions urgentes

Algérie : Un défenseur des droits de l'Homme sort de la clandestinité

Communiqué
Algérie
Un défenseur des droits de l'Homme sort de la clandestinité:
L'Observatoire s'inquiète pour sa sécurité.



Paris, Genève- Le 30 septembre 2003.


L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de
l'Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des
ligues des droits de l'Homme (FIDH) et de l'Organisation mondiale
contre la torture (OMCT) s'inquiète de la situation de Monsieur Salah-
Eddine SIDHOUM qui s'est rendu aux autorités algériennes le 29
septembre 2003, après neuf années passées dans la clandestinité.

Le Dr. Sidhoum, chirurgien et défenseur des droits de l'Homme
algérien, avait été arrêté une première fois par la police dans les
années 80 à la suite de ses prises de position pour la libération des
personnes arrêtées lors des manifestations du printemps berbère. Il
avait ensuite alerté la communauté internationale sur la pratique de
la torture, des exécutions extra-judiciaires et des disparitions
forcées, notamment en recueillant et diffusant des témoignages de
victimes qu'il a été amené à soigner dans son service de chirurgie
orthopédique à l'Hôpital Selim Zmirli d'El Harrach.

En 1994, une campagne de harcèlement et d'intimidation a été engagée
contre le Dr. Sidhoum. En décembre 1994, après une tentative
d'assassinat, il a décidé de vivre dans la clandestinité, par peur
des représailles dues à ses activités de défenseur des droits de
l'Homme.

En 1997, il a été condamné à 20 ans de prison par contumace sur la
base de l'article 87 bis du Code pénal qui comprend notamment
l'appartenance à un groupe armé et actes terroristes.

Hier, lundi 29 septembre 2003, le Dr Sidhoum a décidé de sortir de la
clandestinité et de se livrer à la justice de son pays. Après que le
procureur lui a signifié qu'il serait de nouveau entendu dans
quelques semaines, M. Sidhoum a choisi d'être enfermé à la prison de
Serkadji, près d'Alger, où il estime que sa vie est moins menacée que
s'il restait libre de ses mouvements, en attendant d'être à nouveau
jugé.

L'Observatoire condamne le harcèlement dont le Dr. Sidhoum fait
l'objet en ce qu'il ne vise qu'à sanctionner son engagement en faveur
du respect des droits de l'Homme en
Algérie et demande expressément aux autorités algériennes de:

assurer la sécurité et l'intégrité physique et psychologique de M. Salah-Eddine Sidhoum

veiller à ce que M. Sidhoum bénéficie d'un procès équitable et qu'en l'absence de charges valables, il soit libéré dans les plus
brefs délais

mettre un terme à tous les actes d'agression et de harcèlement à l'encontre de M. Sidhoum comme à l'ensemble des défenseurs des droits de l'Homme

se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'Homme, adoptée par l'Assemblée générale des nations-Unies le 9 décembre 1998, en particulier à l'article 1, qui dispose que " chacun a le droit, individuellement ou en association avec d'autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l'Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international "

se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l'Homme et des instruments internationaux relatifs aux
droits de l'Homme liant l'Algérie.