07.08.08
Interventions urgentes

Journée de la femme africaine - Violence contre les femmes en Afrique : de la discrimination à l’impunité - Un appel à la ratification et à la mise en œuvre du Protocole de Maputo

Antananarivo-Brazzaville-Bujumbura-Genève-Khartoum-Kinshasa-Londres-Lusaka-Nairobi-N’jamena, le 31 juillet 2008. La Journée de la femme africaine représente une occasion importante de rappeler que la violence fondée sur le genre est l’une des plus graves et des plus répandues violations des droits fondamentaux des femmes, notamment à travers le continent africain. A la fois source et facteur aggravant des conséquences de ce type de violence, la discrimination à l’égard des femmes africaines contribue à entretenir l’impunité qui entoure trop souvent la violence dont elles sont victimes.


Les organisations signataires appellent les Etats africains qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux droits des femmes (Protocole de Maputo), à harmoniser les lois nationales avec ce dernier, et à prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre la violence contre les femmes en s’attaquant au contexte général favorisant de telles violations et perpétuant la marginalisation dont elles sont victimes notamment dans leur accès à la justice.

Dans ce cadre, les organisations signataires veulent interpeller les Etats africains sur la nécessité de s’attaquer au contexte général porteur de discriminations qui favorise de telles violences contre les femmes, le plus souvent de nature sexuelle, perpétrées tant par l’Etat qu’au sein de la communauté ou dans la sphère privée. La discrimination qui pèse sur les femmes dès leur plus jeune âge est reflétée dans bon nombre de lois et normes coutumières qui doivent être mises en conformité avec le droit international et les constitutions nationales. Elles légitiment et perpétuent la marginalisation et la subordination des femmes dans tous les domaines. Les obligations positives des Etats en la matière se matérialisent par ailleurs par l’adoption de mesures adéquates en termes de formation des agents de l’Etat, de sensibilisation de la population, ainsi que d’accès des filles à l’éducation et des femmes à l’emploi et à des postes à responsabilité et de prise de décision. Il s’agit en outre de leur assurer le statut juridique nécessaire pour les rendre autonomes. L’autonomie des femmes passant également par la santé reproductive et sexuelle, accessible à toutes, et par la protection des filles contre le mariage forcé et autres pratiques néfastes.

Ce contexte général de discrimination est non seulement vecteur de violence contre les femmes mais a aussi un impact direct sur leur accès à la justice et leur droit à un recours effectif. Ainsi, dans bon nombre d’Etats africains, l’impunité sur des cas de violence contre les femmes demeure, non pas du fait du manque de cadre juridique mais bien d’un manque de volonté politique. Cette réalité est illustrée par les cas trop nombreux de femmes qui sous la pression, voire la menace, de la famille ou des agents chargés de l’application des lois, abandonnent les poursuites contre leurs agresseurs. De même, la dépendance financière d’une femme envers son mari tend à la dissuader d’engager des poursuites contre celui-ci en cas de violence domestique. Les Etats se doivent donc de mettre fin à cette culture d’impunité, souvent aggravée par les conflits armés dans certains pays africains.

Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT) – Mariana Duarte, md@omct.org / Orlane Varesano, ov@omct.org


Cosignataires :


  • Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-Burundi) – Lucie Nizigama, nizigama_lu@yahoo.com

  • Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme - ASADHO (RDCongo) – Jean Claude Katende, asadhokin@yahoo.fr

  • Association des Femmes Juristes du Bénin (AFJB) – Maître Marie-Elise GBEDO, afjb.benin@intnet.bj / cabmeg@intnet.bj

  • Association pour les Droits de l'Homme et l'Univers Carcéral - ADHUC (Congo-Brazzaville) – Moké Loamba, adhuc_congo@yahoo.fr

  • Centre Indépendant de Recherches et d'Initiatives pour le Dialogue - CIRID (Burundi/Suisse) – Joël Hakizimana, burundi@cirid.org

  • Coalition on Violence against Women - COVAW (Kenya) – Grace Kimani, gkimani@covaw.or.ke

  • Comité de l’Amérique Latine et des Caraïbes de Défense des Droits des Femmes (CLADEM) – Monica de las Casas, mdelascasas@cladem.org

  • Comité des Observateurs des Droits de l’Homme - CODHO (RDCongo) – NS’ii Luanda, nsiiluanda_codho@yahoo.fr

  • Femmes Chrétiennes pour la Démocratie et le Développement – FCDD (RD Congo) - Anne-Marie Mukwayanzo Mpundu, fcddrdc@hotmail.com

  • International Society for Human Rights - ISHR (Gambie) - Sheikh Lewis, setlewis@yahoo.com

  • Ligue de la Zone Afrique pour la Défense des Droits des Enfants et Elèves - LIZADEEL (RDCongo) – Madeleine Madilu, lizadeel2@hotmail.com

  • Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme – LTDH (Tchad) – Masslabaye Ténébaye, ltdh_tchad@yahoo.fr

  • SOS aux Victimes de Non-Droit – SVND (Madagascar) – Mathilde Rabary, rabary@moov.mg

  • Sudan Organisation Against Torture - SOAT (Sudan/UK) – Hannah Logan, hannah@soatsudan.org

  • Women in Law and Development in Africa (WiLDAF-Zambia) – Muziula Kamanga, muziula8@yahoo.com



Rapports récents de l’OMCT et ses partenaires sur la violence contre les femmes et la condition de la femme en Afrique :