Rapport annuel 2023
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Soutien aux victimes

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survivant.es, dont 90 victimes directes de la torture dans 12 pays, ont bénéficié de notre aide.

Iels ont bénéficié d'un large éventail de prestations, notamment d'une assistance médicale, de soins psychosociaux, d'une aide à la réinstallation, de conseils juridiques, d'une aide financière pour les besoins de base ou pour trouver un emploi et refaire leur vie.

Pour l'OMCT, lutter contre la torture signifie également apporter un soutien concret aux survivant.e.s et à leurs familles. La lutte contre l’impunité des auteurs et l'indemnisation des victimes permettent à ces personnes de commencer une nouvelle vie et aux communautés de se reconstruire.

Tunisie

L’assistance fournie par l'OMCT peut se traduire par un soutien à long terme. Dans le cadre de SANAD, notre programme en Tunisie, nous avons fourni des conseils juridiques à Jamel Ouerghi dans sa longue quête pour la justice. Jamel se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment : des agents de police l’ont torturé et, à la suite à ces sévices, il est resté près de quatre mois dans le coma. Nous avions alors également soutenu financièrement sa femme, sa fille de trois ans et son bébé de deux mois, car Jamel était incapable de marcher en raison des blessures qui lui avaient été infligées par la police. Après une campagne de neuf années menée par l’OMCT, un juge a finalement statué en faveur de Jamel, ordonnant à l'État de lui verser une indemnisation.

Tchad

Dans d'autres affaires, notre aide peut prendre la forme d'une intervention ponctuelle. Nous avons notamment soutenu Zara et Madiam, toutes deux originaires du Tchad, en couvrant leurs frais médicaux et en les aidant à créer une activité génératrice de revenus : un petit stand de restauration pour l'une et une formation en hôtellerie pour l'autre. Les deux jeunes femmes tchadiennes étaient parties à Oman par l'intermédiaire d'une agence de placement pour travailler et subvenir aux besoins de leurs familles. Une fois sur place, elles se sont retrouvées bloquées dans le pays, liées par un contrat de deux ans et une obligation de résider dans le pays. Elles ont travaillé là-bas dans des conditions extrêmement dures où elles étaient notamment constamment harcelées et accusées de vol. Elles ont finalement réussi à rentrer dans leur pays après de longues négociations. De retour, on leur a diagnostiqué plusieurs pathologies d’ordre post-traumatique, mais grâce au soutien d’une organisation tchadienne membre du réseau SOS-Torture de l'OMCT, elles ont réussi à se reconstruire.

Notre système de soutien aux victimes de la torture est unique : les victimes peuvent nous solliciter à tout moment et bénéficier d'un soutien global après examen de leur situation. Conseils juridiques pour faire progresser leur quête de justice, expertise médicale lorsqu'elle est demandée dans le cadre d'une plainte, prise en charge des soins médicaux si la victime en a besoin pour se rétablir. Nous accompagnons les survivant.e.s à chaque étape de leur parcours. Nous leur apportons également un soutien psychosocial, notamment en leur octroyant des allocations pour un logement, en couvrant les frais de formation professionnelle ou en les aidant à se reloger avec leur famille.

« La torture peut changer l'identité d'une personne » – Un parcours de blessures psychologiques et de guérison

En 2023, la torture reste une terrible réalité dans de nombreux pays du monde. À l'occasion de la Journée internationale des victimes de la torture, nous avons donné la parole à une personne qui aide les survivants de la torture à surmonter leurs traumatismes. Goran Lukic est psychologue pour Freedom from Torture, membre de notre réseau. Basé à Londres, il est régulièrement confronté à la souffrance des réfugiés qui fuient les menaces qui pèsent sur leur vie et leur intégrité mentale. Il nous explique comment, grâce à un travail psychologique approfondi, on peut se remettre du pire.